Les 100 visages de l’itinérance
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées vendredi lors de la 17e édition de la Nuit des sans-abris à la Place du citoyen à Chicoutimi. (Photo : Anaïs Sabourin)
« Je ne sais pas si l’on va passer l’hiver, mais honnêtement je n’ai même pas envie de le passer ». Ce sont les mots prononcés avec émotion par Josée, une femme en situation d’itinérance qui était présente avec son conjoint lors de la Nuit des sans-abris, vendredi dernier à Chicoutimi.
L’événement, qui en était à sa 17e édition, a pour objectif de sensibiliser la population face à cette réalité et déconstruire les préjugés qui y sont rattachés. « On veut que les gens comprennent que ce sont des humains à part entière et que même si tu vis dans la rue, tu restes un être humain », affirme la travailleuse de rue à Chicoutimi, Yany Charbonneau.
Quand tout bascule
Pour Josée et Michel, c’est lorsqu’ils se sont fait expulser de leur logement, il y a trois ans que tout a basculé. Le couple qui avait une compagnie de déneigement n’arrivait plus à trouver un logement abordable et s’est retrouvé à vivre dans une roulotte. « Avant, je jugeais les gens dans la rue. Je n’aurais jamais pu m’imaginer me retrouver-là un jour », souligne Josée avec les larmes aux yeux en tenant la main de son conjoint.
« L’accès au logement devient de plus en plus difficile pour tout le monde, donc on voit des gens que l’on ne voyait pas il y a quelques années. Le visage de l’itinérance a beaucoup changé », mentionne Yany Charbonneau. L’inconnu fait inévitablement partie de la vie des gens qui vivent dans la rue. La Nuit des sans-abris veut permettre à tous d’échanger et de partager leurs expériences en offrant du support aux individus et aux organismes communautaires de la région.
Allison Tremblay et Léa Ménard, étudiantes en éducation spécialisée au Cégep de Jonquière, tenaient à participer à l’événement. (Photo : Anaïs Sabourin)
Personne n’est à l’abri
Pour la travailleuse de rue, les facteurs pouvant expliquer la hausse du nombre de personnes en situation d’itinérance sont nombreux, mais la crise du logement et l’inflation qui frappent actuellement la province accélèrent le phénomène. « On est venu ici en espérant trouver des ressources et des services pour nous aider, avoir su qu’il existait des endroits pour nous aider plus tôt, on ne serait peut-être pas dans cette situation-là aujourd’hui », exprime Josée.
Les ressources disponibles en région sont encore trop peu nombreuses pour répondre à la demande. « C’est le premier hiver ou on a nulle part où aller », lance Josée. « On a peur de ce qui pourrait nous arriver », insiste Michel en lançant un regard chargé d’émotion vers sa conjointe.