Colocation intergénérationnelle : « C’est comme si je vivais avec mon petit frère »

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De gauche à droite, Rudy Perron et Romain Sabiani. Tous deux vivent en colocation depuis le début de l’année scolaire. (Photo : Jean Rémond)

Difficultés à trouver un logis, pur hasard, choix délibéré… Pour diverses raisons, il arrive que des personnes de générations différentes vivent sous un même toit. Une alternative possible, parfois obligatoire, pour pallier la crise du logement.

« Je conseille l’expérience à tous les adolescents ou jeunes adultes, c’est une richesse d’avoir tant de diversité dans une même colocation. On apprend énormément, l’un comme l’autre ». À 38 ans, Issa Diallo, mécanicien, vit depuis le mois de septembre avec Romain Gaudette, 17 ans, étudiant au Cégep de Jonquière. 

Difficultés de logement

« Chez moi, au Sénégal, on est habitué à être en communauté. C’est comme si je vivais avec mon petit frère », rit le trentenaire, avant de laisser la parole à son colocataire. « Pour être honnête, je préfère cela que d’habiter avec des étudiants, conte Romain. Issa est un adulte, il est calme et ordonné, c’est agréable ». De toute façon, le jeune étudiant n’avait pas le choix. « C’est le seul logement disponible et abordable que j’ai trouvé », souffle-t-il.

Rudy Perron , 18 ans, a aussi connu des difficultés pour se loger à Jonquière. Aujourd’hui, il étudie en carrosserie et a trouvé un appartement grâce à l’aide de sa grande sœur. Il vit avec Zacharie, 17 ans, et Romain Sabiani, 31 ans. Ce dernier est étudiant international et est arrivé au Québec l’an dernier. Il logeait aux résidences du Cégep de Jonquière et a rapidement « péter un plomb avec le bruit, les cuisines communes et tout le reste », confie-t-il. Alors, dans sa nouvelle colocation, quelques règles de vie communes sont établies. Romain se charge du ménage, une fois par semaine, quand Rudy et Zacharie ont la responsabilité de l’extérieur de la maison.

Au quotidien, les deux cadets avouent ne pas percevoir l’écart d’âge avec leur aîné. Romain n’est pas de cet avis. Il voit une différence, « notamment dans la façon de se comporter, comme ne pas faire sa vaisselle au jour le jour » glisse-t-il en lançant un regard complice à Rudy. « Je ne sais pas de quoi tu parles », s’amuse l’intéressé, occupé à nettoyer son assiette. 

Partage d’expérience 

«C’est ça qui est agréable. Peut-être que Rudy et Zacharie sont plus jeunes que moi, mais ils sont à l’écoute, ils changent leurs comportements quand je trouve que certaines situations ne sont pas agréables », avoue Romain. Pour cette raison, les deux étudiants apprécient vivre avec lui, « même s’il a une dent contre moi », plaisante Zacharie, allongé dans le canapé. 

Quand plusieurs générations vivent sous un même toit, le vécu et l’expérience de certains profitent souvent aux autres. « Romain a un mode de vie différent du nôtre. On apprend quand même pas mal de sa maturité et de sa discipline. Les choses seraient vraiment différentes si nous étions trois étudiants de 18 ans », assure Rudy en nettoyant la table.

Le constat est similaire chez Issa. « Comme je viens du Sénégal et que j’habite avec un Québécois, nous avons beaucoup à nous apprendre sur nos cultures, nos traditions ou nos habitudes », énumère-t-il avec enthousiasme. En cuisine, par exemple, « je découvre de nouvelles façon de faire, nous échangeons et je prends de l’expérience », complète de  son côté l’étudiant. 

Les deux sont aussi amoureux de soccer. Alors, ils échangent et débattent souvent sur leur passion. « Nous n’avons pas encore eu la chance de disputer un match, mais j’espère que ça arrivera », lance Issa, comme pour mettre au défi le jeune homme. C’est aussi ça, la colocation. Apprendre des autres, créer des liens, des amitiés, parfois. Et ce, « peu importe l’âge », conclut Issa.

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