Un projet à Saint-Félicien pour préserver la chauve-souris au Québec

Les chauves-souris ne seront pas dérangées lors du protocole. (Photo libre de droit)
Un protocole qui récolte l’ADN dans l’air est présentement en développement au Cégep de Saint-Félicien pour aider à la préservation des chauves-souris au Québec.
Charles-Antoine Desmeules
Le projet est mené par un groupe de cinq étudiants de troisième année en Aménagement de la faune, une branche du programme de Technique en milieu naturel, et a été conçu dans le cadre de leur projet DD qui a pour objectif de développer les compétences des étudiants tout en améliorant les sphères économique et écologique du développement durable.
L’ADN environnemental dans l’air
Récolter l’ADN dans l’air est une procédure qui est assez innovante et moins connue que celle qui va chercher à récolter l’ADN dans l’eau ou dans la terre.
Sans avoir à déranger les chauves-souris, utiliser la récolte d’ADN dans l’air pourrait permettre de confirmer la présence de l’espèce, son nombre et si elle est affectée par le syndrome du museau blanc. Connaitre ces informations pourrait par la suite permettre de sensibiliser la population et faire en sorte que la chauve-souris puisse avoir un habitat sécuritaire.

C’est l’un des équipements avec lesquels il est possible de récolter de l’ADN environnemental. Crédit photo: Charles-Antoine Desmeules

Voici une machine modifiée par l’un des professeurs de milieu naturel pour réussir à récolter l’ADN dans l’air. Crédit photo: Charles-Antoine Desmeules
Le problème des chauves-souris
Un important déclin des populations dans le monde des chiroptères (chauve-souris) a été noté dans les dernières années, plus particulièrement chez la petite chauve-souris brune qui est en voie de disparition au Canada. La baisse de population est due à plusieurs facteurs. La principale raison est le syndrome du museau blanc, un champignon qui dérègle le sommeil des chauves-souris. Quand elles sont atteintes du museau blanc, elle se réveillent plus souvent et perdent ainsi plus d’énergie qui est nécessaire à leur hibernation et donc à leur survie. Les activités de l’Homme sont également un enjeu qui modifie l’habitat des chauves-souris et leur mode de vie.
Pour effectuer leurs recherches, les membres du projet DD feront des prélèvements pendant deux jours et une nuit au Trou de la fée à Desbiens. Dans les 15 dernières années, le nombre de petites chauves-souris brunes présentes dans la caverne est passé de 400 à moins de 10.
Partenariat
Pour maximiser leurs résultats, les étudiants ont contacté l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) afin de créer une entente de collaboration pour analyser 15 de leurs filtres contenant les prélèvements du Trou de la fée.

Les filtres sont récupérés de la machine puis envoyés à Québec. Crédit photo : Charles-Antoine Desmeules

Crédit photo: Charles-Antoine Desmeules
Julie Couillard, associée de recherche dans le laboratoire de Valérie Langlois à l’INRS, croit que l’emplacement est effectivement idéal pour leur projet puisque c’est un environnement contrôlé. Ce que les étudiants tentent de trouver avec leur protocole pourrait également être très prometteur pour la chauve-souris et les futures données. « Ce qu’ils vont trouver avec l’air, on pourrait aussi même l’extrapoler et développer un kit pour détecter le champignon du museau blanc », explique-t-elle.

Les manipulations en laboratoire doivent être faites minutieusement pour ne pas corrompre les résultats. Crédit Photo : Charles-Antoine Desmeules
Aude Bodréro et les autres étudiants du projet sont à la fois dépassés et à fond par tout ce qu’ils doivent entreprendre. Ils ne doivent pas se tromper, explique-t-elle. « Si notre projet réussit, ça veut dire que l’INRS voudra potentiellement refaire cette entente avec le Cégep pour les projets à venir. »
L’année dernière, un autre projet qui avait pour but de faire la conservation d’espèce existait déjà, mais la vastitude des espèces a entraîné une surcharge d’informations qui a nui. Les cinq étudiants qui ont repris le projet se sont donc inspirés d’eux pour préciser les recherches et se concentrer spécialement sur le volet des chiroptères.
À l’hiver 2025, l’équipe d’Aude Bodréro devra présenter ses résultats devant un jury et les étudiants de la cohorte lors d’un gala afin de montrer si les recherches et les tests ont été positifs ou négatifs.