Les animaux, victimes de la pollution lumineuse ?

Les oiseaux font souvent partie des animaux les plus touchés par la pollution lumineuse, crédit photo : Stéphane Simard
La pollution lumineuse, problème de plus en plus fréquent dans la vie de tous les jours, semble toucher une nouvelle classe : les animaux. Ceux-ci, beaucoup plus vulnérables au phénomène que les humains, courent un véritable danger.
Thierry Simard : simardthierry@gmail.com
La pollution lumineuse, c’est avant tout un excès de lumière dans la nuit qui peut nous empêcher de voir les étoiles et le ciel. Même si l’impact sur les humains reste avant tout mesuré, on ne peut pas dire la même chose pour les animaux.
Selon le directeur général de « Québec Oiseaux », Jean-Sébastien Guénette, les oiseaux migrateurs sont les plus touchés. Selon lui, ces oiseaux seraient directement exposés à la problématique parce qu’ils voyagent de nuit, les rendant beaucoup plus vulnérables.
La pollution lumineuse peut entraîner plusieurs conséquences négatives sur le fonctionnement des oiseaux. M. Guénette parle d’un dérèglement du cycle du sommeil, qui peut ensuite avoir des impacts sur la reproduction et la mue des oiseaux. Le principal problème est toutefois la désorientation causée par les lumières la nuit. Cela peut surtout s’apercevoir avec des oiseaux qui s’abritent près de serres la nuit, des bâtiments produisant énormément de lumière.
Également, le problème se fait sentir selon Jean-Sébastien Guénette avec les nombreux décès d’oiseaux causés par des collisions avec des obstacles. « La pollution lumineuse vient désorienter les oiseaux, et en approchant les oiseaux des villes, ça peut créer des collisions avec des bâtiments. » M. Guénette explique que le fait que les oiseaux migrateurs se déplacent la nuit vient accentuer le phénomène. « Ils n’ont pas toujours conscience qu’une lumière au 18e étage d’un bâtiment, ce n’est pas une étoile, mais une lumière. » Également, la pollution lumineuse tue énormément d’insectes, nourriture privilégiée de certains oiseaux. Ceux-ci deviennent donc affamés, ce qui accentue aussi le nombre de décès.
Existe-t-il des solutions ?
Les nombreuses lumières blanches utilisées la nuit peuvent désorienter les oiseaux. Crédit photo : Thierry Simard
Pour le DG de Québec Oiseaux, il est très difficile de trouver une solution immédiate au problème. M. Guénette explique qu’il est compliqué pour un organisme comme le sien de demander du financement afin d’aider les oiseaux victimes de la pollution lumineuse. La majorité du budget va vers la protection des habitats.
Toutefois, il explique que l’arrondissement de Saint-Laurent à Montréal a récemment annoncé une nouvelle réglementation afin de réduire la pollution lumineuse, ce qui s’avère pour lui une bonne nouvelle pour l’avenir. Selon le professeur en physique au Cégep de Jonquière Gaël Briand, la solution plus facile serait de mieux gérer la façon d’éclairer les villes. « Il faut savoir qu’il y a quand même à peu près 60% de la lumière qui est perdue dans l’espace. » Il propose alors d’utiliser davantage de lumières à détection de mouvement, qui s’éteignent quand elles ne sont pas utiles. Également, M. Briand propose d’utiliser plus de lumières tamisées, moins fortes que celles utilisées actuellement. Malheureusement selon lui, « on va de plus en plus vers des lumières blanches, un blanc très cru, très fort ».