Utilisation de AirTags : certains parents vont-ils trop loin?
Plusieurs parents recommandent d’utiliser des localiseurs avec leurs enfants sur les réseaux sociaux. Photo : iStock/Onfokus
L’utilisation de AirTags par des parents dans le but de localiser leurs enfants est une pratique plus courante que certains pourraient le croire. Avec ses avantages et ses dérives, la ligne à tracer pour encadrer l’usage de ce localiseur est encore loin d’être clairement définie.
Ayla Scriven est mère d’une fillette de 2 ans. Elle utilise un AirTag, un petit objet circulaire qui permet, par la technologie Bluetooth, de retrouver certains articles perdus. Depuis qu’elle l’a découvert et testé pour divers usages, le sac à dos de son enfant est maintenant muni du traceur.
« Au début, mon chien avait tendance à s’échapper, je lui en ai donc accroché un [au collier]. J’ai aussi commencé à l’utiliser pour retrouver mes bagages, puis quand j’ai vu que ça marchait, qu’il peut sonner et qu’on peut l’entendre, j’ai commencé à en mettre un dans le sac à dos de ma fille », raconte-t-elle.
En août 2024, Le Journal de Montréal rapportait qu’une fille de six ans a été retrouvée par sa mère grâce au localiseur, après que l’enfant ait été perdue près d’un centre commercial à Montréal.
Plusieurs parents utilisent un AirTag pour éviter de perdre leur enfant ou qu’il soit kidnappé. Tableau : Félix-Antoine Bétil
De son côté, la mère de quatre enfants Julie Pelchat pense que les parents doivent faire confiance aux institutions qui s’occupent des jeunes plutôt que suivre leur position.
« Je m’attends à ce que le système scolaire et tout ce qui vient avec fasse en sorte que l’enfant va revenir. Les vols d’enfants au Québec, c’est vraiment, vraiment exceptionnel », mentionne-t-elle.
Sept enfants ont été enlevés par un étranger et 23 ont été égarés en 2023 dans la province selon un rapport de l’organisme à but non lucratif (OBNL) Réseau Enfants-Retour.
Ayla Scriven indique pour sa part que c’est au moment où sa fille pourra s’occuper d’elle-même et avoir sa liberté qu’elle n’en aura plus besoin. Elle ajoute qu’elle lui retirera le AirTag lorsqu’elle aura son premier cellulaire à la main.
D’un point de vue légal, ni le Service de police de Saguenay (SPS), ni les avocats semblaient toutefois d’accord sur le fait qu’à partir d’un certain âge non précisé, l’usage du AirTag devrait être interdit sans le consentement des enfants pour des enjeux de liberté et de sécurité.
Un usage de façon exceptionnelle, la solution?
Apple recommande uniquement d’accrocher les AirTags à des objets comme des sacs. Photo : Capture d’écran YouTube.
Julie Pelchat admet toutefois que dans certains cas bien précis, l’utilisation d’un AirTag pourrait être utile. Elle explique que lors d’un voyage il y a plusieurs années, sa fille Marie était difficilement suivable puisqu’elle courait partout dans les aéroports et les lieux publics.
« Ce qu’on avait fait en Floride, c’est écrire notre numéro de cellulaire sur sa main, alors c’est sûr qu’un AirTag, ça aurait bien fait », explique-t-elle en toute réserve.
Difficile d’interpréter la loi
Selon des documents transmis par le conseiller principal en communications au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, Vito Pilieci, la loi ne prévient pas l’usage sur des mineurs et son utilisation n’est donc pas formellement interdite bien que non souhaitable.
Soulignons qu’en 2021, Apple a déclaré que les AirTags ne sont pas voués à un usage sur les êtres humains. La dernière mesure que la compagnie a mise sur pied dans une perspective de protection de la vie privée est de leur faire émettre un son dès qu’ils prennent de la distance avec l’iPhone associé.