Des turbulences chez les transporteurs à bas prix

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Air Transat offre un ou deux vols directs Montréal-Paris par jour en fonction de la saison. Les prix pour l’aller-retour varient en moyenne entre 600 $ et 1000 $. Photo : Alice Méthot

Une trentaine de transporteurs aériens à bas prix ont tenté de percer le marché canadien dans les 20 dernières années. Plusieurs compagnies ont été de passage que pour une courte durée, ce qui témoigne de la difficulté d’opérer ce type de vol au pays. Ce constat n’empêche pas French Bee de se lancer à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Les vols Montréal-Paris sont desservis depuis plus de 70 ans par Air Canada et Air France. De son côté, Air Transat offre la liaison depuis environ 35 ans. La compagnie aérienne à bas prix French Bee a récemment annoncé offrir la liaison Montréal-Paris quatre fois par semaine pour moins de 500$ l’aller-retour. Le transporteur français arrive donc dans un marché déjà bien ancré ayant une clientèle fidèle à leurs habitudes de voyage.

La cheffe des relations publiques et du contenu marketing d’Air Transat, Marie-Christine Pouliot, estime que l’arrivée de French Bee « peut avoir un impact temporaire sur la demande ». Le chargé de cours à l’Université McGill en gestion de l’aviation et de chaîne d’approvisionnement, John Gradek, est du même avis. « C’est plutôt une nuisance temporaire, qu’un effet permanent, aussitôt que tous les sièges sont vendus sur French Bee, le tarif va disparaître. »

Les guerres de prix ne durent jamais très longtemps dans le marché canadien, souligne Marie-Christine Pouliot. « Au Canada, les coûts élevés liés aux taxes aéroportuaires, aux carburants et autres peuvent limiter la durée de telles compétitions. »

Un marché plus développé en Europe

La densité de la population et le nombre élevé de passagers aériens entre les villes européennes permettent aux transporteurs d’être rentables. « Au Canada, on n’a pas le marché, on n’a pas la demande et on n’a pas le volume que les Européens ont », souligne John Gradek.

Le Canada a peu de compagnies aériennes en comparaison avec l’Europe, ce qui ne laisse guère place à la concurrence. « Air Canada et WestJet sont très puissants et ils ont une part de marché assez intéressante. Ils ne veulent pas laisser de place aux plus petites compagnies », mentionne le professeur.

Au Canada, le service aérien fréquent et régulier est restreint à seulement quelques villes. Photo : Alice Méthot

Une stratégie marketing

L’expert en aviation soutient que pour acquérir des parts de marché dans le transport aérien, la façon la plus simple c’est avec les prix. « Si les compagnies lancent leurs services aux mêmes coûts que les transporteurs qui sont déjà établis, il n’y a aucune façon de se différencier. À un moment, les grosses compagnies aériennes traditionnelles vont se tanner des attaques en ce qui concerne des prix et vont les “matcher”. » Les nouvelles compagnies n’ont donc plus aucune façon d’être attirantes et peuvent perdre leur clientèle.

Air Transat affirme de son côté qu’il est parfois difficile de rivaliser avec les transporteurs offrant des vols à ultra-bas prix. « Ils adoptent un modèle où chaque coût et service sont réduits au minimum pour offrir des tarifs avantageux. » Les compagnies aériennes doivent surveiller de près l’évolution des coûts. « Nous devons adapter nos offres pour répondre aux attentes des voyageurs, en particulier sur les routes populaires comme Montréal-Paris », soutient Marie-Christine Pouliot.

Les plans de fidélisation comme les points sont une force chez les plus grandes compagnies. Ils leur permettent de se distinguer. Photo : Alice Méthot

Un risque à prendre

En février 2024, la compagnie aérienne à bas prix Lynx Air annonçait cesser ses activités. Pour sa part, Flair Airlines se retire de plusieurs marchés canadiens pour l’hiver, dont Montréal, afin de se concentrer sur les vols plus populaires vers le sud. « Lorsqu’on réserve avec un transporteur à bas prix, on prend des risques et on essaye d’avoir peut-être des assurances et un plan b », conseille John Gradek.

John Gradek se demande si Flair Airlines va revenir à l’aéroport Montréal-Trudeau l’été prochain. Photo : Alice Méthot

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