Les réseaux sociaux : un couteau à double tranchant pour les politiciens du Saguenay

Le conseiller municipal du district 11, Marc Bouchard, la cheffe de l’ERD, Christine Basque et le président de l’ERD, André Brassard-Aubin. Photo : Édouard Bérubé).
Haine, insultes et parfois intimidation : les politiciens du Saguenay doivent faire face à cette réalité en raison de leur présence sur les réseaux sociaux. Dans certains cas, des candidats potentiels décident de ne pas se présenter, et ce sont souvent des femmes qui craignent les commentaires haineux et dégradants.
« Je suis surtout préoccupé par le fait que j’entends des femmes dire qu’elles n’aiment pas le ton qui émane des politiciens. C’est donc difficile de recruter des femmes qui trouvent que, sur les médias sociaux, le ton est trop hargneux », a mentionné le député de Jonquière pour le Bloc québécois, Mario Simard.
De son côté, celle qui envisage de se présenter aux élections municipales dans l’arrondissement de Jonquière, Audrey Lapointe estime que c’est un aspect qui fait hésiter les femmes à faire le sault en politique. « Les femmes en politique au Saguenay sont très peu représentées. C’est notamment à cause des réseaux sociaux, de l’entourage et de la famille. Cela en décourage plusieurs. »
Résister à la pression des médias sociaux
Dans la majorité des cas, la haine sur les réseaux sociaux provient de différentes pages qui incitent à ce type de commentaire. Il est plus rare que les politiciens reçoivent ce genre de message en privé. Néanmoins, le conseiller municipal du district 11 et représentant de l’Équipe du renouveau démocratique Saguenay, Marc Bouchard, a expliqué qu’il n’hésite pas à répondre à certains messages.
« Il y a un dossier dans lequel je suis bien placé, celui du stationnement à l’hôpital de Chicoutimi. C’est dans mon district électoral, et environ 15 personnes s’opposaient à ce projet en m’appelant pour me dire ce que je devais faire. Je leur ai dit que j’étais leur conseiller, mais que je l’étais aussi pour 9000 électeurs. Je dois donc faire ce que la majorité de mes électeurs veut, et non pas ce que 15 personnes souhaitent. J’ai donc voté en faveur du projet. »
Les qualités pour être un politicien en 2024
Outre la capacité de vivre avec la pression provenant des réseaux sociaux, l’ancien chargé de cours en science politique à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et député bloquiste de Jonquière, Mario Simard, explique qu’il y a deux qualités de base qui sont essentielles pour être en politique.
« Il faut beaucoup d’empathie, car on a affaire à des gens qui se trouvent dans des situations précaires et que l’on souhaite aider. D’autre part, il y a tout le volet législatif, où il est nécessaire de développer des connaissances sur les mécaniques politiques. Il faut donc avoir une valeur cardinale : le goût de l’engagement public. »
Mario Simard a été chargé de cours en science politique à l’UQAC pendant près de 15 ans. Photo de courtoisie.
De son côté, la nouvelle cheffe de l’ERD, Christine Basque, croit qu’il est important que la population soit à l’affût des nouvelles politiques pour encourager davantage de candidats aux élections. « Je pense que ce qui se passe en ce moment est des plus inspirants pour ceux qui s’intéressent à la politique et qui se sentent interpellés. J’ai récemment lu des statistiques indiquant que 30 % de la population s’intéresse à la politique. Pour susciter cet intérêt, il faut comprendre qu’il se passe quelque chose en ce moment. »
Pour les prochaines élections, Audrey Lapointe a déjà annoncé qu’elle se présentera comme candidate indépendante dans le district 6 d’Arvida. De son côté, l’ERD prévoit présenter 16 candidats pour 2025. Par ailleurs, à ce jour, le seul parti politique du Saguenay ne peine aucunement à trouver des candidats. En effet, selon le président de l’ERD, André Brassard-Aubin, un groupe de cinq à six personnes ont rencontré les membres du parti, en vue des prochaines élections.