Candidats indépendants | Un expert se prononce sur les stratégies

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Certains candidats indépendants aux élections municipales de Saguenay ont réussi à se démarquer et à faire parler d’eux grâce à des campagnes originales. La Pige a demandé à Thierry Giasson, professeur titulaire en science politique et directeur du groupe de recherche en communication politique à l’Université Laval, d’analyser les stratégies de trois candidats pour en évaluer l’efficacité.

Carl Dufour

Le phénomène qu’est devenu sa pancarte, située au coeur du carré Davis, Carl Dufour, candidat dans le district #5, ne s’y attendait pas. Cette pancarte trouée permettant aux gens de placer leur visage à la place de celui de M. Dufour et le slogan «un candidat qui vous ressemble» ont en effet fait fureur. «Je ne pensais pas que ça susciterait autant d’attention. Les gens ont vraiment aimé et les médias en ont beaucoup parlé. On en a même parlé à Infoman et à l’émission de Paul Arcand», raconte M. Dufour.

Selon Thierry Giasson, bien que la pancarte fasse réagir, elle lance un message très traditionnel. «L’image de l’homme près du peuple est utilisée abondamment», souligne-t-il. Carl Dufour dit qu’il tente de créer des liens avec les citoyens comme il l’a fait dans les campagnes précédentes. «On ne gagne pas une campagne avec des pancartes. Je suis un homme de terrain. Je veux avoir une proximité avec les gens», affirme-t-il. Pour Thierry Giasson, M. Dufour a intérêt à maintenir une stratégie gagnante, mais il doit se méfier d’une fatigue électorale au sein de la population. «L’appétit pour le changement est un facteur à prendre à considération. Un politicien doit s’adapter lorsque les appuis changent», assure-t-il.

André Plante

André Plante, quant à lui, n’a pas encore affiché de pancartes dans le district #6, qu’il souhaite représenter. «Je trouve que c’est inutile. Si j’en mets, ça va sûrement être en fin de campagne», affirme-t-il.

Il ne croit pas que son passage à l’émission Un souper presque parfait et son travail dans une boutique érotique peuvent nuire à sa campagne. «L’expression ‘’parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en’’ est un peu vraie», soutient-il. Thierry Giasson croit que M. Plante n’a pas tort. «La notion de controverse en politique n’est pas toujours mauvaise. En tant que candidat indépendant qui débute dans le milieu, faire parler de soi est essentiel», atteste-il.

André Plante est bien déterminé à faire de la politique. Sa motivation vient de son indignation face à la façon dont les travaux publics sont gérés. «C’est beaucoup trop long et ce n’est vraiment pas efficace. C’est surtout en observant les travaux sur le boulevard Talbot, cet été, que j’ai décidé de me lancer», raconte-t-il. M. Giasson croit que l’engagement de M. Plante est bien visible. «Il m’a paru comme étant déterminé. Sa façon de faire est peut-être maladroite et colorée, mais des gens peuvent s’y identifier», souligne-t-il.

Romain Gagnon

Romain Gagnon dans le district #1 souhaitait, avec sa pancarte -reconnaissable à son pouce en l’air-, lancer un message de cordialité et de jovialité. «Je ne voulais pas prendre une photo plate. Je veux avoir du fun», a-t-il souligné en entrevue par visioconférence.

Pour Thierry Giasson, M. Gagnon présente un message contradictoire. «M. Gagnon se réclame de la modernité, mais sa pancarte et son slogan ‘’À l’aube d’un temps nouveau’’ sont bien particuliers aux années 1960. C’est loin d’être actuel mais ça peut plaire à des gens nostalgiques», nuance-t-il. M.

Gagnon compte faire les choses différemment s’il est élu, c’est pourquoi il tente de sortir du lot. «Je voudrais créer un système de démocratie directe avec des conseils de quartier. Je veux qu’il y ait de la fraternité et des échanges au sein des quartiers que je représente. Je suis partisan du gros bon sens», assure-t-il. M. Giasson souligne que le «gros bon sens» n’est pas toujours bon. «Le gros bon sens est un concept de la droite qui ne relève pas des faits et de la vérité. M. Gagnon me paraît comme un fantaisiste», avance-t-il.

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