L’art pour guérir des blessures psychologiques

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Ce sont 1107 $ qui ont été récoltés lors du tirage au sort du 25 février pour l’acquisition de la toile La Tracedes artistes Carl Bergeron Bernier et Sophie Lebeuf. L’argent récolté servira au financement d’un nouvel atelier de peinture pour des vétérans souffrant de blessures psychologiques.

À 34 ans le vétéran Carl Bergeron Bernier est artiste peintre. Il a appris seul en regardant des vidéos Youtube au départ pour comprendre les techniques. Photo : Galane Maréchal

 

« Des fois je suis chez moi et je ne comprends pas ce qui se passe, ça ne marche plus pantoute. Alors je vais dans mon garage et je commence à peindre. Ça m’aide vraiment à décrocher de mes pensées », explique l’ancien militaire, Carl Bergeron Bernier.

Il a lancé ce concept pour aider d’autres personnes à s’évader comme lui grâce à l’art et peut-être même découvrir une passion. Il a quitté les forces armées canadiennes depuis trois ans et demi. Il a été diagnostiqué d’un trouble du stress post-traumatique (TSPT) et d’une dépression majeure. 

Succès du premier atelier

Le 24 janvier dernier s’est déroulé le premier atelier d’initiation à la peinture pour les vétérans souffrant de blessures psychologiques, au Sofia Art Studio, à Jonquière. Sept personnes ont participé et apprécié l’expérience.

Lors de l’atelier, l’artiste Carl B. Bernier a réalisé la toile La Trace en collaboration avec la professeure d’art, Sophie Lebeuf. Ils ont décidé de l’utiliser pour financer un nouvel atelier du genre. D’une valeur de 500 $, la peinture acrylique a été remportée par Martin Saint-Pierre lors du tirage au sort du 25 février.

Carl B. Bernier aimerait pouvoir proposer ce style d’atelier de façon plus régulière et à moyen terme l’étendre aux premiers répondants qui eux aussi sont exposés à des situations difficiles.

S’évader un instant

L’artiste a commencé à peindre en novembre 2020 après avoir suivi le conseil de sa conjointe de mettre ses pensées, ses émotions et ses mots sur une toile.

« Au final, je ne fais pas juste ça pour moi mais aussi pour les autres, pour montrer qu’on peut s’en sortir », raconte l’ancien militaire.

Le TSPT est une maladie difficile à comprendre pour ses proches et pour lui-même, décrit Carl B. Bernier. Une situation difficile à gérer.

« On dirait des montagnes russes. Il y a des journées où je me sens invincible et après ça boum j’en ai fait plus que ce que j’aurais dû et ça me fait comme oublier tout le positif de la journée. Des fois j’aimerais que le rétablissement aille plus vite, être plus en forme, pouvoir en profiter, être heureux. On dirait que le bonheur est dur à capter », exprime l’artiste avec émotion.

« Avec un trouble de stress post-traumatique on est comme une balance où le côté négatif est plus lourd et il faut beaucoup de poids positif pour essayer d’équilibrer. »

Cinq peintures de Carl Bergeron Bernier sont exposées jusqu’au 25 février au Sofia Art Studio, à Jonquière. Photo : Galane Maréchal

 

Faire évoluer la mentalité à l’armée

« Dans l’armée tu apprends à passer par-dessus tes émotions et tes blessures. Donc, tu te rentres dans la tête que tu es correct, révèle le vétéran. Tu dis que tu n’as pas de problème, tu le caches aux autres, mais le soir tu es chez toi et ça ne va pas bien donc tu prends de la boisson ou de la drogue et le jour tu remets ton masque. Tu ne demandes pas de l’aide, car tu caches ton problème à toi-même et aux autres. »

Carl B. Bernier raconte qu’à la base de Valcartier à Québec, l’escalier qui menait à la section pour la santé mentale était surnommé l’escalier de la honte. « Donc ça ne pousse pas le monde à aller consulter », regrette l’artiste.

« Dans la vie je pense que les hommes ont plus de difficultés à parler, à exprimer leurs sentiments mais il ne faut pas être gêné de dire qu’on a un problème. Ça peut arriver à n’importe qui, personne n’est à l’abri. Il ne faut juste pas se le cacher ni essayer de le noyer dans l’alcool ou la drogue », lance l’artiste comme message.

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