120 battements par minute | Un retour troublant sur les «années sida»

185
0
Partagez :

Grand prix du jury au dernier Festival de Cannes, le troisième long métrage de Robin Campillo suscite l’engouement auprès des spectateurs les plus avertis. Bouleversant et exaltant à la fois, « 120 battements par minute » réveille la rage de vivre alors que des centaines de Français mènent la lutte contre la montée du sida.

Le film commence dans l’envers du décor du groupe activiste Act Up-Paris, au début des années 90. Des militants redoublent d’actions préventives et de slogans pour faire face à l’indifférence du gouvernement français sur la croissance du VIH.

Dès les premiers instants, Campillo s’engage dans un message qu’il a lui-même défendu 25 ans auparavant au sein de l’association. Il invite les spectateurs dans les coulisses du groupe, pendant l’effervescence des «années sida». Les adhérents, condamnés pour la plupart, engloutissent des dizaines de pilules par jour avec une fureur explicite dans la voix.

C’est une réalité qui crève l’écran. Une véritable énergie paradoxale qui naît de cette soif d’être en vie mélangée à l’accablement des personnages. Sean, Nathan, Sophie, Thibault et les autres… entiers et authentiques, se nourrissent de leur révolte pour contester leur mécontentement face aux laboratoires pharmaceutiques qui les délaissent.

Deux visages

L’espoir est la locomotive du film. La motivation des protagonistes qui veulent toujours aller plus loin dans les actions est perceptible. Ils distribuent des préservatifs dans les écoles, ils jettent des ballons remplis de faux sang pour provoquer, ils crient haut et fort des slogans à caractère sexuel dans la rue, mais les policiers les pourchassent sans cesse tandis que le virus fragilise la santé de chacun.

120 battements par minute est un film à deux vitesses, peut-être l’un des choix les moins judicieux du cinéaste. Si au début c’est un film choral qui marque l’engagement d’Act Up-Paris, l’histoire se resserre sur Sean et Nathan. Une intimité un peu bavarde qui freine le rythme enflammé du long métrage malgré une belle performance des comédiens Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois.

La réussite de Robin Campillo est dans la reconstitution des années du président Mitterand en France, alors que cette génération sacrifiée et stigmatisée a dû combattre la maladie en même temps que défendre ses convictions. Le Grand prix du jury 2017 représente la vitalité de cette jeunesse qui s’essouffle à hurler le quotidien des séropositifs.

Partagez :