Conférence d’Errol Duchaine | À la défense des agriculteurs d’ici
«On vous accuse de mal gérer vos exploitations, pourtant les consommateurs veulent toujours payer moins cher leur panier à l’épicerie, a exprimé l’ancien journaliste de l’émission La semaine verte, Errol Duchaine, lors de sa conférence «La Terre au creux des mains» présentée à de nombreux agriculteurs de la région, mercredi. Les choix que vous prenez découlent des obstacles que l’on place devant vous.»
C’est avec ferveur que l’ancien animateur de l’émission environnementale de Radio-Canada a défendu les producteurs québécois, à l’occasion des 50 ans du Centre régional des jeunes agriculteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Lors de l’évènement qui valorisait la relève du domaine agricole, M. Duchaine est revenu sur les nombreuses critiques que subit l’industrie agroalimentaire. Par exemple, l’utilisation de la génétique pour produire davantage.
D’après lui, les agriculteurs canadiens doivent gérer la demande de la population, tandis qu’une concurrence étrangère déloyale les oblige à sans cesse baisser les prix tout en fournissant plus.
Le journaliste indique «qu’en 1800 alors que 80 % des Canadiens étaient des agriculteurs, une ferme nourrissait une famille. En 2016 alors que les exploitants ne représentent que 1,2 % de la population, une ferme doit nourrir 200 à 300 familles».
Il constate aussi les changements considérables des exploitations agroalimentaires. «Une production laitière au Canada compte en moyenne 64 vaches alors qu’en Indiana la moyenne est de 40 000, déclare Errol Duchaine. Ce modèle de gigantisme ne permet plus de gérer l’offre.»
Enjeux environnementaux
Ces mégafermes produisent en quantité industrielle. Elles ne respectent pas nécessairement toutes les règles que les productions canadiennes sont tenues de respecter, mais la libéralisation des marchés économiques leur permet tout de même de vendre sur le territoire.
«La Terre n’est pas une usine, rien ne remplace le temps et la nature dont elle a besoin», défend M. Duchaine. Ces grandes industries épuisent le sol sur lequel elles sont en 20-30 ans. Il ajoute que « la dérive la plus néfaste, c’est l’accaparement massif des terres par les géants économiques sur les sols africains, sud-américains ou arabes. Ils se spécialisent dans une seule denrée, ce qui nuit à l’approvisionnement d’une alimentation variée dans des pays qui n’ont pas les moyens financiers de s’en importer.»
M. Duchaine reste persuader que des règlements et des subventions du gouvernement pourraient aider l’agriculture canadienne. «Des fermes agroalimentaires familiales qui sont loin de la nocivité du gigantisme», conclut-il.