Programme en journalisme pour les autochtones | Le Cégep n’abandonne pas
Après n’avoir récolté aucune inscription pour le programme de journalisme destiné aux autochtones, annoncé l’an dernier, le Cégep de Jonquière tente maintenant de réajuster le tir.
Le projet visait l’inscription d’une vingtaine d’étudiants des Premières Nations, pour leur donner une formation en journalisme. Le programme se serait déroulé en deux parties: premièrement à l’Institution Kiuna, une école consacrée à l’éducation des autochtones près de TroisRivières, puis la dernière année au Cégep de Jonquière, avec le reste des étudiants.
La directrice adjointe des études en Art et technologie des médias, Hélène Roberge, y va de quelques hypothèses en ce qui concerne les raisons de ce rendement. «Le programme se situait à deux endroits, alors on croit que de déménager deux fois pouvait décourager facilement. En plus, les jeunes des Premières Nations sont souvent des élèves de première génération (un jeune dont les parents n’ont pas d’études postsecondaires), alors ils manquent parfois de modèles», explique-t-elle.
L’étudiant autochtone en radio au Cégep de Jonquière, Shanon Germain, est en accord avec les explications offertes par Mme Roberge. Le jeune homme insiste aussi sur la pertinence du programme. «Pour moi, venir m’installer ici et faire le programme actuel était vraiment plus simple. Je pense aussi qu’on était peut-être trop précis: il n’y a pas une tonne de jeunes autochtones qui veulent devenir journalistes», exprime-t-il.
Shanon Germain est natif de Mashteuiatsh. La réserve qui se trouve à moins de 10 kilomètres de Roberval est connue comme étant l’une des plus nanties de la province. Il n’a donc jamais eu à vivre avec la pauvreté souvent liée aux communautés autochtones. «Quand je pense à des réserves plus éloignées comme Obedjiwan, c’est certain que c’est plus pauvre et on ne parle plus de la même culture», mentionne l’étudiant.
Pour ce qui est de la suite, l’équipe formée d’enseignants, de conseillers pédagogiques et de responsables du Cégep espère pouvoir relancer le programme dans le futur. Aucun échéancier n’a été fixé. «On va prendre le temps de réfléchir. On croit encore qu’il y a un besoin et que nous nous y sommes tout simplement pas pris de la bonne manière», admet Hélène Roberge.
Environ 45 élèves des Premières Nations étudient en ce moment au Cégep de Jonquière. Hélène Roberge estime qu’il s’agit d’un excellent chiffre. «On en est très fiers […] pour ce qui est du projet, on ne lance pas la serviette, on se donne une deuxième chance», conclut-elle.