Proches aidants : un don de soi héroïque

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Le lien qui unit un aidant naturel et son bénéficiaire est unique. Cette campagne publicitaire du centre l’Appui pour les proches aidants d’ainés en témoigne.
Crédit photo : Centre l’Appui pour les proches aidants d’ainés.

 «C’est mon âme sœur», avoue la   proche aidante Manon Pouliot, la   voix remplie d’émotion. Elle dirige   ces mots vers Carole, sa maman,   qui est atteinte de schizophrénie,   de démence mixte et de diabète.   Manon passe l’intégralité de son   temps à s’occuper de sa mère   qu’elle aime plus que tout.

43 680. C’est un nombre d’heures qui   semble énorme n’est-ce pas? Eh bien   c’est exactement le temps que Mme Pouliot a consacré à sa maman dans les cinq dernières années. En tant que proche aidante, elle ne travaille pas huit ni 12 heures par jour, mais bien 24.

Lorsque Manon Pouliot parle de celle qui l’a engendrée, toute la sincérité du lien qu’elles entretiennent l’une pour l’autre est illustrée en quelques secondes à peine. Mme Pouliot aime sa mère de tout son cœur et ça transparaît dans l’aide qu’elle lui apporte jour après jour.

Cependant, il arrive que ses yeux s’humectent quelque peu d’épuisement et de tristesse après de longues journées passées à s’occuper de sa mère. «Le seul moment où je pense à moi, c’est quand je vais me coucher. Ma mère le sait que je l’aime quand même, mais elle sait aussi que ces moments de repos me permettent de revenir encore plus forte pour m’occuper d’elle.»

L’avantage pour un bénéficiaire d’avoir un proche aidant plutôt que d’être n’importe où ailleurs, c’est le sentiment d’être chez soi. «Voir que ma mère est heureuse et qu’elle se sent à la maison avec moi est ce qu’il y a de plus valorisant.», ajoute la proche aidante.

Chez Manon Pouliot, une ambiance chaleureuse règne. Un grand balcon, des fleurs ainsi qu’une salle de bain personnelle et adaptée ne sont que quelques-unes des caractéristiques aidant Carole Drolet à se sentir au bon endroit chez sa fille adorée. Cependant, le plus impressionnant reste l’amour qu’elles éprouvent l’une pour l’autre.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, plus d’un million de personnes sont comme Mme Pouliot à travers la province. Elles dédient leur vie pour venir en aide aux gens qu’elles aiment et ne reçoivent aucune rémunération du gouvernement pour cela, et ce, malgré le fait qu’elles travaillent plus que la grande majorité des gens.  Il n’y a pas à dire, ces gens sont naturellement aidants.

Par ailleurs, de plus en plus de mesures sont prises pour offrir un soutien aux proches aidants.

Des maisons de répit sont mises en place un peu partout dans la province par la Fondation Maison Gilles-Carle. Elles offrent d’héberger les personnes bénéficiant d’un proche aidant pour permettre à ce dernier un repos bien mérité. L’une de ces maisons ouvrira même ses portes à Saguenay dès juin prochain. Elles s’étendront dans tout le Québec au cours des prochaines années.

La Maison Gilles-Carle de Cowansville. C’est la première à avoir vu le jour.
Crédit photo : La chargée de projets de la Fondation Maison Gilles-Carle, Christelle Bogosta.

Ces établissements se disent des plus conviviaux pour ceux et celles qui les fréquentent. Chacune des maisons souhaite y faire régner une joie indétrônable.   « Nos maisons sont accueillantes, chaleureuses et champêtres. Y pénétrer, c’est comme arriver chez un ainé », explique la chargée de projets de la fondation, Christelle Bogosta.

Un autre grave problème vécu par les proches aidants provient de la pression qui est mise sur leurs épaules.  « Les gens leur disent qu’ils sont généreux, qu’ils sont héroïques et qu’ils sont extraordinaires, mais ça ne fait qu’augmenter le poids de leur énorme responsabilité. Ils sont humains et ont aussi des limites », affirme la directrice des communications de l’organisme l’Appui pour les proches aidants d’aînés du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Sarah Tremblay.

Une ligne téléphonique a été mise en place par le centre l’Appui pour soutenir les proches aidants en les écoutant et en leur fournissant des ressources pour mieux gérer tout ce qui leur est imposé.

La population prend de plus en plus conscience des responsabilités qui viennent avec le rôle de proche aidant. Après tout, ce n’est pas rien pour une personne de devoir vivre pour deux.

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