Être artiste en région

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Être artiste peintre à temps plein dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est un défi de taille. «Les gens ne prennent plus le temps d’analyser des peintures, maintenant ils veulent juste un tableau qui va aller avec leur décoration», explique la propriétaire de la galerie d’art La Corniche à Chicoutimi, Chantale Hudon. 

Que ce soit des artistes indépendants ou bien des propriétaires de galeries d’art, un constat est certain, la population saguenéenne ne semble plus consommer son art comme elle le faisait il y a dix ans. «Les temps ont beaucoup changé. Les gens consomment davantage l’art sur Internet maintenant. C’est difficile de prédire comment l’art va évoluer, car ce qui intéressait les personnes avant, cela ne les intéresse plus d’aujourd’hui», explique Chantale Hudon.

Un chemin difficile

Pour les artistes de la région, vivre de leur art devient un dur labeur. Le public cible des peintres se retrouve davantage dans les grandes villes, ce qui engendre beaucoup de déplacements et de frais. La peintre dolmissoise de quarante ans d’expérience Jocelyne Rousseau, la vie instable de l’art  a mis sur son chemin plusieurs épreuves. «C’est pire quand on vit en région, car on doit toujours aller d’un endroit à l’autre pour exposer nos peintures. Honnêtement, c’est déjà bon quand on rentre dans nos dépenses.» Selon l’Institut de statistique du Québec, le revenu médian des artistes peintres et sculpteurs et autres artistes des arts visuels était de 13 500$. En 2016, cette même source indiquait que le revenu moyen des Québécois était de 33 100$.

L’artiste Jocelyne Larouche devant ses tableaux.

La peintre saguenéenne Jocelyne Larouche est consciente des grandes difficultés pour se tailler une place dans le domaine. Voyant désormais l’art comme son gagne-pain, l’artiste tente de faire connaître ses toiles dans la mesure de son possible, mais elle est freinée par le peu d’investissement des citoyens locaux. «On dirait que dans la région, les gens ne reconnaissent pas nécessairement tout ce qu’il y a derrière le travail d’un artiste local», mentionne la peintre saguenéenne.

Perception de l’art

Le peintre saguenéen Nicolas de la Sablonnière, de son nom d’artiste «Delasablo», croit au contraire qu’il peut être possible de vivre de son art. «Oui, c’est possible, mais c’est loin d’être stable. Tout dépend de comment l’artiste veut vivre», explique le peintre. Ce dernier a d’ailleurs décidé de délaisser les galeries d’art pour être indépendant afin de pouvoir exprimer son art librement sans se sentir rattaché à un style de galerie.

Des peintures de Delasablo.

L’artiste voit en fait davantage l’art comme une vocation qu’un métier. «C’est difficile d’évaluer si un artiste perce dans le milieu ou non. Un peintre peut être très populaire de son vivant, alors que dans quarante ans, on peut oublier son nom, comme une peinture peut être découverte bien après la mort de l’artiste », ajoute Delasablo.

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