La vie monastique… à 23 ans!
Recevoir l’appel de Dieu et choisir de devenir moine à 18 ans n’est pas commun. C’est pourtant la vie du petit frère David (Pierre-Alexandre Labonté), membre de la Fraternité des moines du Coeur de Jésus de Chicoutimi, qui célèbre ses cinq ans de vie monastique… à seulement 23 ans.
C’est après avoir amorcé des études en Techniques de travail social au Cégep de Jonquière que petit frère David a intégré la Fraternité. Il ressentait alors un trop grand besoin d’amour, que seule sa relation avec la religion pouvait combler.
«À ce moment, j’avais une sorte de vide en moi. On pourrait dire que je suis une sorte de lover, dont le coeur avait beaucoup d’amour à donner. À l’adolescence, je me suis rendu compte que l’humain n’était pas en mesure de m’offrir cet amour-là. Ce n’était jamais assez», mentionne le moine.
Après mûre réflexion sur la façon de vivre pleinement sa passion pour la religion, il s’est rendu chez les moines du Coeur de Jésus, où il a effectué un séjour d’une semaine dans le dessein de voir s’il avait en lui ce qu’il faut pour la vie monastique. Par la suite, après avoir complété sa première année d’études collégiales, il est retourné au monastère pour un stage de trois mois, avant de finalement renoncer à son cheminement scolaire et d’intégrer officiellement la communauté.
Aujourd’hui, cinq années plus tard, petit frère David vient tout juste de prononcer les voeux monastiques pour une durée de trois ans. Au bout de celles-ci, s’il le désire encore, il pourra officiellement s’engager à donner perpétuellement sa vie à la religion.
Une «vocation»
Bien qu’il n’ait décidé de faire le grand saut qu’à 18 ans, le jeune moine dit avoir toujours possédé en lui la volonté d’offrir sa vie à Dieu.
«Depuis que je suis très jeune, j’ai toujours été attiré par tout ce qui entoure la religion. J’adorais visiter l’ermitage de Lac-Bouchette avec mes parents et mes cours de religion à l’école étaient mes préférés. J’ai donc toujours eu cette relation avec Dieu, même si c’était inconnu pour moi, ayant grandi dans une famille non-pratiquante», explique-t-il.
Une société trop rapide
Pour le jeune homme, vivre dans une société où la vitesse est primordiale devenait extrêmement lourd à porter. Il ne pouvait s’empêcher de chercher un sens à toutes ces activités quotidiennes qui, selon lui, ne mènent pas à un idéal quelconque. Effectuer le saut vers la vie monastique a donc été grandement bénéfique en ce qui a trait à sa tranquillité et à sa sécurité d’esprit.
«Il y a quelque chose de beau dans notre société, mais il y a également une grande fragilité. Aujourd’hui, le bonheur des gens dépend de ce qui se passe à l’extérieur. Celui-ci ne tient donc qu’à un fil. Moi, à l’inverse, je vis mon bonheur à l’intérieur de moi grâce à la présence de Dieu. Je ne suis donc jamais inquiet de perdre ce sentiment», confie petit frère David.
Il n’éprouve finalement qu’un seul regret face à tout le processus à travers lequel il est passé: celui de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Transition difficile
«Auparavant, les gens souhaitant devenir moines étaient issus de sociétés où la religion revêtait une importance capitale. Dans le Québec laïque d’aujourd’hui, la transition vers la vie monastique est beaucoup plus drastique», confie le petit frère David, des Fraternités des moines et des moniales du Coeur de Jésus à Chicoutimi.
En devenant moine, celui-ci a dû faire face à de nombreuses exigences. Entre autres, il a dû s’habituer à passer de longues périodes de temps seul avec lui-même, chose très peu habituelle dans une société axée sur la consommation et la productivité.
«Chaque jour, en plus des différentes tâches que j’effectue pour le monastère, je médite pendant trois heures d’affilée. À mon arrivée, je n’étais même pas capable de tenir quinze minutes et maintenant c’est tout naturel», fait-il savoir.
Communauté jeune
À l’image du petit frère David, la Fraternité des moines et des moniales du Coeur de Jésus n’est pas très âgée. Ayant vu le jour à l’été 2004, elle a évolué au sein de l’Église catholique pour finalement obtenir l’une des dernières reconnaissances canoniques en 2016.
«Les nouvelles communautés sont bien différentes des plus anciennes, qui répondaient bien souvent à un besoin. Nous avons le mandat d’accomplir notre mission spirituelle de façon plus adaptée qu’auparavant. On écoute la vie», explique le sous-prieur de la communauté, petit frère Marie-Jonathan.
Le monastère regroupe aujourd’hui 13 moines et moniales de tout âge.