TECFÉE | Une pétition pour modifier le test
Des futurs enseignants désirent que le Test de la certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) soit modifié. Ils le jugent inadéquat et souhaitent qu’il soit davantage axé sur la réalité.
L’étudiant au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire à l’Université de Sherbrooke Abdessamad Bourdi a lancé une pétition, le samedi 15 février dernier, ayant comme objectif la modification du TECFÉE. Le jeune homme espère une simplification de l’examen. Il vise particulièrement la section abordant les mots soutenus ainsi que les expressions.
«On veut mettre en place un cadre qu’il est possible d’étudier, des mises en contexte et des cours permettant la réussite», a-t-il mentionné.
Créé en 2008 par le Centre d’évaluation du français écrit, le TECFÉE comprend deux parties. Les étudiants doivent répondre à un questionnaire sur le code linguistique comprenant une soixantaine de questions. Ils font également la rédaction d’un texte de 350 mots. Le seuil de réussite est fixé à 70 %. En cas d’échec, les étudiants reprennent seulement la partie échouée. Le nombre de reprises est illimité. Les étudiants doivent toutefois le réussir pour avoir accès au troisième stage.
Selon lui, le format actuel de l’examen n’est pas adapté à la réalité. «Il y a 20 % du test qui ne s’étudie tout simplement pas. Il y a entre 60 000 et 100 000 mots dans le dictionnaire et il y a près de 10 000 expressions. […] C’est impossible de faire entrer ça dans le cerveau de quelqu’un.»
Il estime également qu’il n’y a pas beaucoup de moyens pour se préparer à cet examen. «Au début de notre baccalauréat, on assiste à une conférence qui nous explique en détail en quoi consiste le TECFÉE. Des enseignants de français et des conseillers pédagogiques nous offrent des cours de renforcement, puis ils font la publicité des livres que l’on peut acheter. C’est pas mal ça l’encadrement donné, a-t-il expliqué. Je crois que ça ne sera jamais assez, vu la nature de l’examen. Les cours qui sont offerts aident beaucoup pour les temps du verbe, les accords et la grammaire, mais le vocabulaire soutenu et les expressions, c’est impossible.»
Un problème qui a de l’âge
Le finissant au baccalauréat en enseignement des mathématiques au secondaire à l’Université Laval en 2012, Samuel Turcotte, a raté ce test à une reprise. Il estime que le TECFÉE n’adopte pas la bonne formule. «Ce test est une aberration dans sa mouture actuelle où son objectif d’évaluer si un futur enseignant est compétent d’écrire en français est loin d’être réussi. La connaissance de la langue française est beaucoup plus qu’une liste d’expressions nébuleuses, de reconnaissance de types de mots dans une phrase ou de l’écriture d’un court texte de 350 mots.»
Il estime qu’il n’est pas représentatif des réelles compétences requises en classe. «Le test doit éloigner beaucoup de futurs enseignants, alors qu’il y a une pénurie présentement», a souligné celui qui travaille maintenant à titre de conseiller en formation dans une entreprise du domaine privé.
Turcotte propose une solution afin de rendre l’examen plus adapté à la réalité des enseignants. «Il [Le TECFÉE] devrait être intégré directement à l’intérieur d’un cours de programme spécifique à chaque branche : mathématiques, français, sciences et technologie, univers social… Il s’agit d’une manière d’évaluer les particularités du français de chaque champ et de pouvoir évaluer également la communication orale.»
Respecter la langue
L’étudiante au baccalauréat en adaptation scolaire et sociale à l’UQAC, Michelle Mardelli, a également eu de la difficulté à réussir le TECFÉE. Elle a tenu à souligner qu’il est important de ne pas baisser les standards de la profession. Selon elle, il a une raison d’être. Toutefois, elle laisse une place à son amélioration et à son actualisation. «C’est important un examen de français surtout quand on veut être enseignant. Est-ce qu’il pourrait y avoir plus de structure pour aider les gens à passer cet examen-là ? Je pense que oui, a-t-elle lancé. D’emblée, que tu sois bon ou pas bon en français, le test est difficile.»
La jeune femme a d’ailleurs fait référence aux différents examens des Ordres à travers la province afin d’illustrer son point de vue. «Je pense que les standards de l’enseignement doivent rester à cette hauteur. Cet examen a sa place et je ne pense pas que d’arrêter d’évaluer va régler le problème. On enseigne à nos élèves à écrire sans faute.»
Comme plusieurs personnes, elle croit cependant qu’il pourrait être plus adapté. «Il y a une section sur les expressions et ce sont des expressions qu’on n’utilise jamais. La partie rédaction a son rôle à jouer et c’est super. Une des choses qui est bien adaptée du code linguistique est que quand tu corriges une production écrite, il y aura différentes phrases et différents types d’erreurs. Par contre, je ne peux pas apprendre toutes les expressions et tous les mots de vocabulaire qui existent. […] J’ai un bagage, j’ai 25 ans, si je ne les ai jamais vus et que j’aime bien lire, ça peut être complexe.»