COVID-19 : le tension monte dans les rangs
La COVID-19 a plongé beaucoup de Québécoises et de Québécois dans la détresse psychologique. Plus encore que le virus, c’est la façon dont le gouvernement l’a traité, avec les mesures sanitaires en place, qui pourrait causer ces problèmes et bien plus encore, selon un professeur de sociologie à l’UQAC, Romuald Jamet.
Les professionnels du monde entier ont accordé leurs violons pour dire que la pandémie a causé des ravages sur le plan de la santé la mentale. Selon une enquête menée par des chercheurs de l’université de Sherbrooke, un Québécois sur cinq montre des symptômes liés à une dépression majeure ou à un trouble d’anxiété généralisé. Un stress qui, depuis le confinement, se transforme en une certaine agressivité, ressentie notamment dans les commerces.
« Il m’a traité d’gros tas d’marde, que c’était moi le tas d’marde qui avait mangé tous les biscuits », confie, attristé, le superviseur d’une chaîne de restauration rapide, Maxime Lavoie Boivin. « L’augmentation est assez flagrante, continue le superviseur en poste depuis quatre ans, le monde stresse pour rien, le monde se défoule sur les autres, ce qui n’est vraiment pas une bonne solution ni une bonne façon d’agir. Je fais des crises d’anxiété à cause de ça. »
Pour le professeur de sociologie à l’UQAC, Romuald Jamet, ce n’est pas la pandémie en tant que telle qui favorise l’augmentation de l’agressivité, mais la façon dont les gouvernements ont géré la crise. « Ce sont les mesures sanitaires appliquées par le gouvernement qui augmente un inconfort, notamment à cause de la baisse brutale des relations sociales. Cet inconfort peut conduire à l’agressivité » explique-t-il.
Une instrumentalisation politique ?
Mais Romuald Jamet va plus loin dans son analyse. Il estime que « beaucoup de pouvoirs politiques essaient d’instrumentaliser les conséquences de cette pandémie ». Le gouvernement profite de la pandémie pour faire passer des instruments de contrôle de la population déjà existants. Le télétravail ou encore l’application Alerte COVID permettent au gouvernement « d’accélérer certains types de contrôle de la population numérique », résume le professeur en sociologie.
À cela se rajoutent des pouvoirs politiques ou des personnages politiques qui instrumentalisent les mesures prises par le gouvernement. « Les groupes d’extrême droite vont aller vent debout contre le port du masque, disant que c’est une liberté fondamentale de faire ce que l’on veut dans l’espace public », analyse Romuald Jamet. Un jeu politique va se créer sur les prises de position de chaque gouvernement, parti politique et institution.
Des inégalités
En plus d’être instrumentalisées, les mesures prises par le gouvernement pourraient causer de sévères inégalités sociales et territoriales, selon le professeur de sociologie. D’après la théorie du sociologue allemand, Norbert Elias, très jeune, on assimile un processus d’autocontrôle qui correspond aux us et coutumes de la vie. Avec les mesures sanitaires actuelles et la distanciation sociale, ce processus d’autocontrôle est complètement bouleversé et peut créer des inégalités sociales, notamment chez les plus jeunes.
« Cela modifie l’idée du rapport que l’on peut entretenir avec l’autre », renchérit Romuald Jamet. Mais cela modifie également le rapport qu’on entretient avec les différentes générations. « Au début, c’était les personnes âgées qui étaient stigmatisées, parce qu’elles étaient plus à risques. Après ça a été les jeunes, parce qu’ils faisaient la fête, puis les pauvres, parce qu’ils n’avaient pas les bases de la propreté », continue d’expliquer le sociologue. Avec la mise en place du télétravail et des cours en ligne, le gouvernement a aussi créé des inégalités territoriales, étant donné que toutes les régions ne disposent pas du même accès à Internet.