Zone grise
Lors de la campagne électorale de 2017, les partis politiques étaient pratiquement présents dans toute la ville de Saguenay. Cette année, c’est tout le contraire. Dans plusieurs districts, impossible de croiser des pancartes à l’effigie des deux seules formations de la ville. Serait-il le temps d’imiter les plus petites municipalités du Québec, qui fonctionnent très bien sans partis? La question se pose.
Attention : l’idée d’avancer que tous les partis municipaux sont inutiles, ou celle de préconiser leur dissolution immédiate, sont des hypothèses aussi drastiques que cavalières. Il faut le reconnaître, l’Équipe du renouveau démocratique (Josée Néron) et Unissons Saguenay (Claude Côté) ont leurs avantages.
Après tout, ceux qui choisissent de défendre ces bannières ont accès à un financement qui leur garantit à la fois de la publicité et une certaine couverture médiatique. C’est notamment ce qui avait convaincu l’ancien maire Jean Tremblay de créer le Parti des citoyens de Saguenay, en 2016.
Ce qui peut devenir contraignant pour les candidats, c’est la ligne de parti.
Certes, elle à l’origine de la plateforme selon laquelle ils se font élire. Cependant, une fois les élections passées et le siège obtenu, elle peut empêcher un conseiller de voter comme bon lui semble. Il se doit de la respecter, et ça peut mener à des tensions. L’ERD a même perdu son ancien numéro 2, Michel Potvin, pour cette raison en novembre 2020.
On dit souvent du pallier municipal qu’il fait de la « politique de proximité ». Qu’un conseiller municipal est beaucoup plus proche du citoyen qu’un député provincial ou fédéral. En ce sens, être prisonnier d’une ligne de parti ne peut que nuire à l’élu municipal qui jugerait bénéfique pour son citoyen de réaliser un projet contraire aux idéologies de sa formation.
À l’exception de quelques grandes villes (comme Montréal, Québec, Laval, Longueuil ou Lévis), les municipalités du Québec où les partis occupent une place importante sont rares. Dans la province, on observe plutôt une grande majorité de candidatures indépendantes.
Neuvième en population au Québec, Saguenay flotte quant à elle dans une zone grise. Son poids démographique (147 000 habitants en 2020) explique que des partis puissent s’y former. Mais les candidats qui en sont issus (14 sur 27 au total) frôlent la minorité. Comme dans une petite municipalité, les indépendants ratissent large. La présence des partis n’y est peut-être pas aussi cruciale qu’on pourrait le croire.
Rappel : ce texte ne veut en aucun cas discréditer le travail de l’ERD, ou encore d’Unissons Saguenay.
Seulement, c’est un appel à réfléchir. Pourquoi, alors que la majorité des municipalités québécoises fonctionnent sur une base indépendante, Saguenay ressent le besoin d’être dirigée par un parti ?