Alcool et tabac : augmentation du « cartage » dans la région

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Ce sont 85 %, soit 17 établissements de la région sur 20, qui ont exigé de voir les cartes de notre journaliste cobaye. Une augmentation tangible comparativement au 50 % obtenu lors d’une enquête de La Pige réalisée en 2019. Selon les témoignages de plusieurs employés et de propriétaires, tout porte à croire que le port du masque est une des causes principales de cet accroissement.

En novembre 2019, bien avant la pandémie et le port du masque, La Pige a effectué une enquête similaire à celle publiée aujourd’hui. Dans 50 % des 12 dépanneurs et épiceries testés, un mineur a pu se procurer de l’alcool.

Seulement trois établissements sur 20 (15%) n’ont pas demandé les cartes de notre journaliste cobaye. Photo: Raphaël Boucher

« Maintenant on prend aucune chance avec les masques. C’est rendu encore plus dur de différencier un adulte d’un jeune adulte », déclare le propriétaire du dépanneur Maestro Barette à Chicoutimi, Claude Lessard. Il a ajouté que les employés ne peuvent même plus se fier à « la norme non-écrite » des commerçants. Cette dernière stipule que les gens ayant l’air d’avoir moins de 25 ans doivent être cartés. Lors de l’annonce de l’obligation du port du masque, il était primordial pour plusieurs employeurs d’aviser les caissiers à ce sujet. « Nous avons eu le mémo qu’il fallait redoubler de prudence », confie le caissier du Couche-Tard, Brandon Trapper.

Pour le directeur général de l’Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec, Yves Servais, cette nouvelle est très encourageante. « On est très satisfait. On voit que la sensibilisation faite par de nombreux organismes a porté fruit », affirme-t-il. L’AMDEQ a d’ailleurs envoyé des avis à tous ses établissements membres concernant la difficulté que représentait les masques.

Yves Servais a aussi tenu à mentionner que les règles en lien avec le tabac sont, depuis quelques années, plus respectées que jamais par les commerçants. Selon des données obtenues par DepQuébec, un portail web sur les dépanneurs du Québec(AMDEQ), 2020 aura été la meilleure année de tous les temps pour ce qui est de la conformité des dépanneurs à prévenir la vente de tabac aux mineurs. Sur un total de 2,649 inspections pièges,                                                                                     94,6 % des établissements se sont avérés conformes.

L’homme qui dirige l’AMDEQ a aussi avoué que les sanctions reliées à la vente de tabac sont beaucoup plus sévères comparativement à l’alcool et à la loterie. D’après la loi, la vente de tabac à un mineur conduit à une amende de 2500 $ pour le commerçant et de 500 $ pour l’employé. Du côté de l’alcool, une infract

ion est passible d’une amende de 175 $ à 425 $. Pour la loterie, la vente à une personne mineure peut mener à une contravention de 300 $ à 2 000 $.

 Quelques exceptions

Certains établissements ont tout de même échoué le test de La Pige. Même avec son allure clairement en dessous d’une personne de 25 ans, notre journaliste n’a pas eu à montrer une pièce d’identité à trois reprises. Dans deux d’entre elles, elle a quitté les lieux avec de l’alcool. Un billet de loterie a également été acheté.

En ce qui concerne les employés qui ont été confrontés, deux ont tenté une explication pour justifier leur erreur. Une caissière est même allée jusqu’à dire qu’elle connaissait notre journaliste quand ce n’était pas le cas. Quant à l’employé ayant vendu le billet de loterie, ce dernier a affirmé que « quand c’est de la loterie, c’est moins grave ».

Dépanneurs indépendants plus à risque ?

« La plupart des dépanneurs font affaire avec des agences qui leur rendent souvent des visites mystères afin de faire un contrôle du cartage. Par contre, quelques indépendants ne sollicitent pas d’aide venant d’agences dans le genre », confirme le propriétaire du Shell sur le boulevard Talbot. Une jeune Saguenéenne de 16 ans qui a préféré garder l’anonymat, a affirmé qu’elle sortait régulièrement de l’alcool dans de petits dépanneurs indépendants.

 

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