Masque ou pas, pièces d’identité obligatoires
Avis aux mineurs, masque ou pas, en grande majorité les commerçants exigent de voir leurs cartes. C’est la conclusion d’une enquête menée par La Pige dans 20 établissements au Saguenay afin de savoir s’il est plus facile de se procurer de la loterie, de l’alcool et des articles pour fumeurs sans se faire « cartés ».
L’idée de l’enquête est venue à la suite du témoignage d’une jeune fille de 16 ans qui, depuis l’obligation du port du masque, parvient à acheter de l’alcool sans avoir à présenter ses cartes d’identité. « Depuis que l’on doit porter le masque, je suis capable de sortir de l’alcool facilement. J’ai des broches, donc sans masque c’est sûr que j’ai l’air plus jeune », avoue la jeune fille de Chicoutimi qui désire demeurer dans l’anonymat.
À la suite de ce témoignage, La Pige a voulu savoir s’il était effectivement plus facile pour un mineur de se procurer des produits réservés aux adultes grâce à son masque.
Un membre de notre équipe de journalistes s’est proposé pour être notre cobaye lors de l’enquête. Étant petite, elle a l’air d’une jeune fille de 17 ans bien qu’en réalité elle en a 20. Nous sommes d’abord allés à la Société des alcools du Québec (SAQ) et avons demandé à une caissière avec 36 ans d’expérience, si notre cobaye avait l’air d’une personne mineure et si elle serait portée à lui demander ses pièces d’identité. « Dès qu’il y a un doute, on se doit de demander les cartes et oui certainement que j’aurais un doute avec cette jeune femme puisqu’elle est petite et que les traits de son visage paraissent jeunes », a mentionné la caissière à la SAQ de Jonquière, France Boily.
Selon une norme non écrite, dès qu’un caissier a un doute à savoir si le client est âgé de 25 ans et moins, il est dans le droit et dans l’obligation morale de lui demander ses pièces d’identité. « Avec la pandémie, il est encore plus difficile d’identifier les gens alors on demande davantage les pièces d’identité. En cas de doute, ça m’arrive de demander à un client de baisser son masque, mais d’habitude avec les yeux, je suis capable de le savoir », a mentionné France Boily.
Démarches
Lundi, 22 février en après-midi, notre équipe de La Pige est allée dans 10 commerces aux alentours de Jonquière et Kénogami. Le soir même, nous avons visité huit autres commerces à Chicoutimi et deux jours plus tard, l’équipe de journalistes a conclu l’enquête pour un total de 20 commerces.
Notre journaliste infiltrée était vêtue d’un manteau noir classique, ouvert qui permet de voir son chandail coloré. Elle portait des souliers Converse et un jeans bleu.
À chaque emplacement, elle a tenté de se procurer un produit différent destiné aux 18 ans et plus. Au moment de l’achat, que le caissier lui demande ses cartes ou non, elle n’a pas acheté le produit. C’est donc au moment où l’employé a engagé la transaction que l’on a jugé que notre cobaye avait réussi à s’en procurer.