Un homme sur dix sera agressé sexuellement au cours de sa vie

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Avec les vagues de dénonciations sur les réseaux sociaux dont #metoo et #agressionsdénoncées plusieurs femmes ont décidé de parler publiquement de leurs agressions sexuelles. Mais qu’en est-il des hommes victimes de délits sexuels? L’image stéréotypée des hommes alimente le tabou qu’entoure leurs agressions et ils préfèrent se réfugier dans le silence.  

Il est très difficile de mettre des statistiques exactes concernant les agressions sexuelles envers les hommes, car très peu témoignent contre leur agresseur. ­« On dit que c’est un homme sur dix qui est agressé, mais il y en a tellement qui ne dénoncent pas parce qu’ils ont peur d’être perçu comme une victime et c’est tabou comme sujet », explique une finissante en sexologie, Élisabeth-Ann Mailloux.  

Pris par surprise 

Parfois les victimes se font prendre dans un coin isolé comme le témoignent deux victimes qui préfèrent garder l’anonymat. « Nous étions dehors, avec mon groupe d’amis, mais l’un des gars m’a demandé d’aller parler plus loin du groupe. Nous étions les deux et il m’a expliqué que pour confirmer notre amitié, on devait s’embrasser. Je le connaissais à peine et je n’étais pas à l’aise. C’est à ce moment qu’il m’a embrassé de force, je suis resté figé », a expliqué Michael (prénom fictif). 

Jérôme (prénom fictif) a pour sa part vécu de l’harcèlement loin des regards de tous. « J’étais chez moi, il y avait une petite fête et j’ai décidé d’aller dans le stationnement à côté de ma voiture, c’est à ce moment qu’elle est venue pour me faire des avances que j’avais déjà refusées auparavant. J’ai continué de refuser ses avances sexuelles, mais elle n’a pas lâché le morceau pendant une dizaine de minutes et j’ai fini par accepter contre ma volonté », s’est-il exprimé.   

Sous le feu des projecteurs 

Il arrive aussi que ces délits se fassent sous le regard de témoins qui décident de fermer les yeux ou tout simplement qui agissent comme complice, ce qui est arrivé à Jean-Philippe (prénom fictif), alors qu’il était à son bureau de travail sur la Rive-Sud de Montréal. « La fille est venue derrière moi, avec ses amies, elle a commencé à passer ses mains sur mon corps et elle est descendue vers mon pénis, je l’ai repoussée. Cet événement est arrivé plusieurs fois. Elle est déjà venue me voir avec les mêmes collègues, se tripotant les seins en me demandant de venir le faire. »   

Pour Shawn (prénom fictif), l’agression est survenue lors d’initiations dans un cégep de la région de Montréal. « J’étais jeune, une personne en position d’autorité me faisait des avances et sur le coup je trouvais ça plaisant, car une plus vieille ‘’trippait’’ sur moi. Nous nous sommes embrassés cette soirée-là, mais sans plus, je ne voulais pas plus. Elle était très fâchée que je la rejette. Quelques jours plus tard, nous avions un party dans un bar, elle était en arrière de moi dans la file et je l’entendais rire de moi avec ses amies. Elle m’a pris une fesse, je me suis viré en la dévisageant et elle a recommencé, je lui ai crié après et je suis parti », raconte-il. 

Dénonciation difficile 

Pour Élizabeth-Ann mailloux, il est facile d’expliquer pourquoi les hommes ont de la difficulté à dénoncer. « Les agressions sexuelles sur les hommes faites par d’autres hommes représentent 60 % de l’ensemble des agressions. Donc, souvent les victimes ont peur d’être perçues comme un homosexuel. Sinon, ils ont peur que leur image soit affectée, car selon les stéréotypes, un homme est plus fort qu’une femme, alors ils ne peuvent pas être victimes d’agressions sexuelles.» 

Pour les hommes qui ont accepté de témoigner, il a été très difficile de parler, mais une fois qu’ils l’ont fait, ils se sont sentis délivrés. Shawn a d’ailleurs expliqué comment il s’est senti après l’agression. « Je me suis senti dégeulasse et vulnérable. J’ai compris la vulnérabilité que les filles ressentent dans leur quotidien », a-t-il avoué.  

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