Vacciner au Nord : un défi de taille

205
0
Partagez :

Le transport des vaccins contre la COVID-19 en milieux éloignés relève d’une opération de logistique complexe. Photo : Coralie Laplante

Orchestrer une vaste campagne de vaccination contre la COVID-19 comporte son lot de défis, particulièrement dans les régions éloignées, telles que les communautés cries au nord du Québec. La professeure-chercheuse en microbiologie et en sciences fondamentales à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Catherine Girard, s’intéresse à cette problématique.

« Il peut y avoir des problèmes d’approvisionnement dans les communautés éloignées, parce qu’on est très dépendants de la météo. Des fois, on peut passer une semaine sans qu’un avion atterrisse », explique Mme Girard.

La chercheuse explique que le transport est un enjeu crucial pour les communautés au nord du Québec, notamment en ce qui concerne la conservation de la température adéquate des vaccins acheminés en avions nolisés. Le maintien de la chaîne de froid sur de longues distances est une opération délicate.

« Ça s’est très bien déroulé, mais on était un petit peu anxieux! » La directrice générale du Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James (CRSSS), Nathalie Boisvert, affirme que le déplacement des doses vaccinales nécessite un « travail de logistique » important.

 Craintes accrues

« La recherche médicale et le système de santé ont été un instrument du colonialisme très fort dans les communautés autochtones. » Catherine Girard dit ne pas vouloir parler au nom des Premières Nations. Elle considère cependant que des « abus très clairs du passé » renforcent la méfiance des communautés autochtones envers le vaccin contre la COVID-19.

La chercheuse de l’UQAC croit que les campagnes de vaccination dans ces régions devraient être réalisées en collaboration avec des acteurs locaux, qui expliqueraient les bénéfices du vaccin et ses risques à la population.

Mme Girard conçoit que des individus expriment des doutes par rapport au vaccin contre la COVID-19 dans l’ensemble de la province.  « [Mais] dans les communautés autochtones, il y a en plus le glaçage colonial qui vient complexifier cette histoire-là, et renforcer les craintes de certaines personnes », précise-t-elle.

La microbiologiste Catherine Girard s’intéresse à la vaccination dans les régions éloignées et au sein des communautés des Premières Nations. Photo : Courtoisie

Risques plus élevés de transmission 

La vaccination est cruciale dans les communautés isolées selon la professeure, alors que les risques de transmission de la COVID-19 y sont plus élevés. La crise du logement qui frappe le Nord-du-Québec y est pour quelque chose. « Les logements sont surpeuplés. Ça veut dire plus de proximité entre les individus […] et une impossibilité d’auto-isolement », énonce-t-elle.

« On n’a pas de centres pour hospitaliser les personnes atteintes de la COVID dans la région, donc on doit transférer les gens à l’extérieur. C’est là notre vulnérabilité ». La directrice du CRSSS explique que les soins de santé sont limités ou absents dans certaines communautés. C’est pourquoi la vaccination de masse a débuté dès janvier dans le Nord-du-Québec.

Catherine Girard souligne également que certains habitants en communautés éloignées doivent prendre l’avion pour recevoir des soins de santé spécialisés dans les grands centres, ce qui accroit leurs risques de contracter le virus.

Partagez :