Ces athlètes partis trop tôt
(COMMENTAIRE) Patrick Day, Boris Stanchov et Tim Hague. Ils étaient athlètes, ils ont reçu des coups à la tête, ils sont morts. Et c’est sans compter le récent décès de Jeanette Zacarias Zapata, 18 ans. Il ne faut pas attendre la prochaine victime pour contrer le manque de protection dans les sports de contact.
Le neurologue Guy Courtois et le neurochirurgien Georges L’Espérance sont catégoriques : le but de la boxe, c’est de mettre son adversaire K-O, de lui infliger une commotion cérébrale. Après qu’autant d’études aient démontré les conséquences à long terme des sports de contact, comme le football, des centaines de jeunes choisissent tout de même de sauter à pieds joints dans cet univers risqué. Et ce, malgré les 30 boxeurs qui ont perdu la vie depuis le début du millénaire.
Une étude américaine menée en 2017 par la neuropathologiste, Ann McKee, est révélatrice, voire choquante. Sur 111 cerveaux d’athlètes décédés qui pratiquaient le football, 110 comportaient des traces d’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une maladie reliée aux commotions cérébrales. En revanche, cette statistique rentre par une oreille et sort par l’autre de ceux qui rêvent de faire partie de l’élite sportive.
À preuve, Francis Perron, un jeune joueur de football qui s’alignait avec les Gee Gee’s d’Ottawa dans la ligue universitaire, est mort le 18 septembre à la suite d’un match. Comme d’habitude, on a posé sur les casques des autres joueurs un collant avec son numéro pour l’honorer. Et puis c’est tout. On recommencera sans doute avec le prochain décès.
Au Saguenay-Lac-St-Jean, des centaines de personnes pratiquent un sport de contact. L’entraineur du Club de boxe de Chicoutimi, Michel Desgagné, propose des changements. Il suggère des suivis plus serrés à la suite d’une commotion cérébrale, il conseille d’appliquer la technique du compte en huit, utilisée en boxe amateure, à la boxe professionnelle. Lorsqu’un boxeur reçoit un dur coup et que l’arbitre juge qu’il est sévère, il peut permettre un temps d’arrêt même si le joueur n’est pas au plancher. Pour s’assurer de la protection des boxeurs de haut niveau, utiliser des gants amateurs, qui sont davantage rembourrés, pourrait s’avérer une excellente idée.
Depuis cet été, au Québec, les joueurs de soccer de moins de 11 ans ne peuvent plus toucher le ballon avec leur tête, une mesure prise pour diminuer le risque de commotion cérébrale. Par ailleurs, au rugby, ce sont les contacts tête contre tête qui viennent d’être interdits. Et les autres sports eux? Silence radio. Des réformes s’imposent. Les décès s’accumulent d’année en année. Qui sera le prochain?