Réalités autochtones: la formation accuse du retard

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Pour continuer d’occuper ses fonctions, l’infirmière clinicienne Coralie Dupuis doit suivre la formation obligatoire sur les réalités autochtones. (Photo : Mély-Anne Dupuis)

Moins de 30 % du personnel de la santé du CIUSSS du Saguenay−Lac-Saint-Jean ont suivi la formation de Sensibilisation aux réalités autochtones jusqu’à présent. Rappelons que l’objectif final est d’avoir sensibilisé la totalité des travailleurs du Québec avant le 30 septembre 2022.

Obligatoire depuis le décès de Joyce Echaquan en septembre 2020 à l’hôpital de Joliette, cette formation vise tous les employés du réseau de la santé et des services sociaux. Selon l’objectif initial, au 31 mars prochain, 50 % d’entre eux doivent l’avoir complétée.

Éveil de conscience

Infirmière clinicienne à l’hôpital de Joliette, Coralie Dupuis précise qu’avant le drame de Joyce Echaquan, les formations étaient déjà en place. « Il aura fallu le décès de Joyce pour en faire l’événement déclencheur de la médiatisation du racisme systémique, indique-t-elle. C’est beaucoup d’heures de capsules pour l’action d’une personne qui n’a pas été professionnelle », ajoute Mme Dupuis. Elle pense toutefois que les formations favorisent la compréhension du personnel de la santé et les amènent à se requestionner et à adapter leurs stratégies d’approche autochtones.

Au-delà des formations

L’infirmière clinicienne note que plusieurs personnes soumises à ces formations en ressortent plus informées bien que, selon elle, il devrait s’agir d’un prérequis pour exercer ces fonctions. « Ça nous apprend comment être respectueux, ouvert d’esprit et chaleureux afin de bien développer nos stratégies d’approche avec la clientèle autochtone…ça ne devrait être que la base tout ça », s’exclame-t-elle.

Amanda Canapé-Fontaine (Innue). (Photo : Mély-Anne Dupuis)

Pour l’Innue Amanda Canapé-Fontaine, intervenante au Centre de prévention du suicide 02, il en faudrait bien plus pour briser les lacunes intergénérationnelles des mentalités des allochtones. « Oui les formations représentent un pas vers l’avant, mais ce n’est pas assez, j’en veux plus ! martèle la dame, je veux que les gens prennent conscience de la manière dont ils agissent, c’est très important pour nous en tant que Premières Nations », soulève Mme Canapé-Fontaine en laissant comprendre que les préjugés et la discrimination sont encore présents en 2022.

De sa perception, elle estime qu’après un certain temps, plusieurs finissent par négliger l’importance des notions reçues. « Ils [certains étudiants et le personnel de la santé] en ressortent en disant “j’ai fait le cours!”, “un conférencier est venu!”, mais le problème, c’est qu’ils ne l’appliquent pas dans leur quotidien », dénonce la femme innue en sous-entendant que non seulement le personnel de la santé, mais tout le système devrait faire ce genre de formation.

De son côté, le chef des relations avec les Premières Nations à l’UQAC, Francis Verreault-Paul, croit que la population générale veut en connaître davantage

Chef des relations avec les Premières Nations à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAQ), Francis Verreault-Paul, révèle que les formations se divisent en trois étapes : la sensibilisation, le développement de connaissances puis les compétences. (Photo : Mély-Anne Dupuis)

depuis le « malheureux événement » et que différentes actions se mettent graduellement en place. Bien qu’aucune formation ne soit donnée aux étudiants de l’UQAC et seulement au personnel de l’établissement, certaines initiatives d’appel de conférenciers et d’experts de la part d’enseignants permettent l’intégration des perspectives autochtones au sein de leur programme. « Je pense que des changements concrets sont en train de se passer, on se fait interpeller à l’externe par diverses organisations et compagnies… les gens veulent en savoir plus », révèle-t-il. D’ailleurs, le CIUSSS du Saguenay−Lac-Saint-Jean confirme qu’à l’automne 2021, 75 directeurs, directeurs adjoints et membres du conseil d’administration ont regardé les capsules.

 

 

 

 

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