Santé pelvienne : un traitement conservateur de l’endométriose

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La victime d’endométriose durant 20 ans, Valérie Fortin, la physiothérapeute en rééducation périnéale, Marie-Eve Simard et la fondatrice d’Endométriose Québec, Marie-Josée Thibert. (Photo : courtoisie)

« Depuis l’âge de 14 ans, j’ai dû être hospitalisée à chacune de mes menstruations, je manquais tous mes cours, mes semaines au travail … j’ai tellement été maganée », témoigne la Saguenéenne Valérie Fortin qui a souffert d’endométriose pendant 20 ans.

Les guerrières d’endométriose ont été à l’honneur en mars, un mois reconnu pour la sensibilisation de cette maladie chronique, définie par la fondatrice d’Endométriose Québec, Marie-Josée Thibert, comme « complexe, inflammatoire, hormonodépendante et qui a des conséquences sur l’intégralité du corps de la femme ».

Après avoir tenté le stérilet et l’anneau, qui sans succès lui ont provoqué une embolie pulmonaire, Mme Fortin en a déduit que sa seule sortie de secours était la « grosse opération », soit l’ablation des ovaires et des trompes. « Même sur le plan sexuel, mon ventre enflé représentait tout un combat, j’étais constamment pliée, indique-t-elle. J’ai dû faire mon deuil des enfants, j’ai eu six transferts d’embryons, ça faisait si mal », s’exclame-t-elle à trois reprises.

Jusqu’à tout récemment, Mme Fortin ignorait qu’il y avait des professionnels spécialisés pour alléger ses douleurs. « Si jamais la science peut contribuer, je le souhaite pour toutes les autres femmes…ça nous nuit en tout temps, physiquement et psychologiquement », spécifie-t-elle en faisant mention que personne ne l’avait redirigé vers un physiothérapeute à l’époque.

Effets ressentis et espérés de la sensibilisation

Victime elle aussi de cette maladie gynécologique, la fondatrice d’Endométriose Québec, Marie-Josée Thibert, met de l’avant le sentiment d’isolement partagé par la communauté. « Le mois de sensibilisation permet de mettre la cause de l’avant, c’est à ce moment que les gens se permettent de se dire “moi aussi je souffre” et de se sentir moins seuls », croit-elle.

Étant également l’autrice du livre qui traite d’affections et de traitements médicaux, Endométriose et fibrome utérin : De la souffrance à l’action, elle estime que malgré les avancées, il n’y aura jamais de traitement définitif. « On ne connaît même pas les causes, alors comment trouver des solutions, affirme-t-elle. La physiothérapie périnéale, c’est extraordinaire, ça fait partie de la grande approche intégrative de la santé… mais chaque personne a une recette différente pour son corps, chacun sa condition », explique-t-elle en mentionnant que l’adaptation est primordiale.

« Je ne suis pas payée pour aucune action, ça vient de mon cœur et ça part d’une grande souffrance personnelle, lâche-t-elle avec la larme à l’œil. Endométriose Québec, c’est devenu ma mission de vie ».

Physiothérapie périnéale

La physiothérapeute qui traite avec l’approche périnéale les fonctions urinaires, ano-rectales et sexuelles, Marie-Eve Simard, tient à préciser que l’approche périnéale est faite dans le but d’améliorer la qualité de vie d’une personne souffrante et non dans le but de « traiter l’endométriose ». Elle indique que les douleurs reliées à cette maladie affectent les régions avoisinantes du corps et que son travail consiste à s’occuper de celles-ci en plus des tensions musculaires (inflammation).

La femme spécialisée en rééducation périnéale et pelvienne croit qu’« avoir un mois spécifique sur les conditions de santé moins connues comme l’endométriose aide les gens qui ignorent l’existence de solutions à leurs douleurs, à en connaître davantage, à se reconnaître et à en parler avec son médecin ». Elle note qu’il y a à peine 10 ans, seulement deux femmes à l’échelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean se spécialisaient en physiothérapie périnatale comme elle.

Mme Simard dénonce également le nombre trop élevé de personnes qui perçoivent leurs douleurs et tensions comme une normalité. « Les fuites urinaires, les douleurs intenses lors de menstruations ou de relations sexuelles, ce n’est pas parce que c’est fréquent que c’est normal ! martèle la physiothérapeute. Plus il y aura de services, plus il y aura une prise de conscience sur le sujet », souhaite-t-elle.

 

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