Quand l’intimidation frappe le monde des médias

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« Va te pendre, aie honte d’exister, cesse tes mensonges. » Ces mots crus dirigés à l’endroit des journalistes fusent de partout dans une ère où la haine envers les médias est à son comble. La pandémie a accentué cette animosité qui était déjà présente auparavant. Aujourd’hui, des journalistes témoignent de l’intimidation qui fait rage ici même, dans la région.  

Depuis plus de deux ans, on assiste à une véritable guerre entre l’information et la désinformation. Les réseaux sociaux ont donné une arme aux citoyens qui désirent s’en prendre aux médias et le chef de nouvelles au journal Le Quotidien, Louis Tremblay, le constate. « Toutes ces attaques contre nous, c’est le fruit des personnes qui sont enfermées dans la logique d’algorithmes des réseaux sociaux. Les gens se créent leur propre réalité et leur propre vérité avec ce qu’ils voient défiler. » 

Dans les dernières semaines, des convois de camionneurs ont fait halte dans la région et les journalistes présents ont dû faire face à des attaques verbales et physiques. Journaliste à Radio-Canada Saguenay et membre régional de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Roby St-Gelais en a été victime. « J’étais renversé de voir que les gens m’intimidaient autant. J’avais l’impression que les manifestants ne prenaient pas en compte qu’il y a un humain derrière le journaliste. C’était particulier comme sensation de sentir que je n’étais pas le bienvenu dans ma propre région pour faire mon travail », témoigne-t-il.  

Il poursuit en racontant qu’à son arrivée, lui et sa caméraman se sont fait dévisager. Il y avait un climat très hostile et les gens leur disaient d’arrêter de répandre des fausses nouvelles ou encore se positionnaient devant la caméra pendant un direct pour leur lancer des insultes. 

Quand la peur s’installe  

Au cœur des médias depuis 1989, le journaliste à TVA Saguenay, Jean-François Tremblay, n’en est pas à sa première situation d’intimidation. Il y a plus d’un an, les véhicules de la station ont été incendiés par un homme qui détestait les médias. « Après cet évènement, j’ai eu de la difficulté à accepter la situation. Au bureau, on se demandait toujours pourquoi c’est nous qui avions été la cible de cette attaque. » 

Ce moment, sa jeune collègue tout juste sortie de l’école, Molly Béland, en a aussi été témoin. « Les employés se demandaient ce qu’ils allaient devoir endurer après ça. Est-ce que quelqu’un allait se présenter et attaquer l’un de nous physiquement ? On avait presque peur de retourner sur le terrain », se remémore la jeune journaliste.  

Elle raconte s’être sentie attaquée par ce geste. « Si on mettait le feu à une école, ce serait mal vu, mais là c’est à une station de télévision, ce n’est pas censé être mieux », raconte celle qui a vu un de ses collègues se faire prendre par la gorge lors d’une manifestation.  

Roby St-Gelais

Le journaliste Roby St-Gelais considère que le climat envers les journalistes s’est détérioré depuis la pandémie. (Photo: courtoisie)

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