Monts Valin: une saison difficile
Après un début de saison difficile, le club de motoneigistes Caribou-conscrits, établi sur les monts Valin, remet en question la pertinence de sa place au sein de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ). Des problèmes d’entretien, des inquiétudes liées au financement ainsi que des commentaires désobligeants d’usagers ont mené l’organisation à cette réflexion.
« La structure de l’industrie de la motoneige est à revoir. Il y a une gouvernance qui est loin d’être collée à la réalité terrain et si ça continue comme ça, on s’en va dans un mur », lance d’entrée de jeu le président du club Caribou-conscrits, Julien Tremblay.
C’est que depuis l’ouverture de la saison, le manque de neige, la température loin d’être idéale pour le surfaçage des pistes ainsi que la présence accrue et continuelle d’usagers sur les 800 kilomètres couverts par le territoire du club ont rendu la tâche d’entretien complexe.
« Mon équipe de bénévoles et nos gars qui font le surfaçage travaillent comme des malades pour que l’expérience des utilisateurs soit bonne. On a des gens qui viennent de partout », rappelle M. Tremblay.
Le tourisme et l’entretien, complètement déconnectés
Stéphane Desroches, directeur général de la FCMQ confirme pour la glisse motorisée en sol québécois.
« D’un point de vue touristique, la motoneige permet d’attirer 30 000 touristes de l’extérieur du Québec. Que ce soient des Américains, des Européens ou même des Canadiens d’autres provinces, il y a un grand engouement », fait-il valoir.
Ce fort intérêt n’est toutefois pas toujours synonyme de bonne nouvelle pour l’état de la surface de glisse sur le territoire du club Caribou-conscrits.
« Le problème, c’est qu’il y a une grande déconnexion entre ce qui est vendu aux gens de l’extérieur et ce qu’on est capables de faire avec les conditions qu’on a cette année. On essaie de prendre soin de nos pistes, mais il y a toujours trois ou quatre conducteurs qui passent immédiatement derrière nos grattes. C’est loin d’être idéal » soulève le président du club.
Des commentaires désobligeants
Au courant des dernières semaines, plusieurs motoneigistes ne sont pas gênés de verbaliser leur mécontentement quant à la qualité du surfaçage au président du club. « J’ai reçu des commentaires disant qu’on ne savait pas entretenir nos chemins, des gens y ont même été de menaces et d’insultes personnelles à mon égard », raconte-t-il.
Julien Tremblay, à la tête de Caribou-conscrits depuis deux ans, déplore cette attitude. « C’est comme si vous et votre conjointe invitiez six couples d’amis pour un bon gros souper, bien préparé. Le souper à peine commencé, des inconnus se présentent chez vous, ne cognent pas, entrent chez vous, se servent dans votre nourriture et osent ensuite dire qu’elle n’est pas mangeable », illustre-t-il.
D’abord dévoué à ses motoneigistes locaux, M. Tremblay estime que les ressources qui sont à sa disposition actuellement sont loin d’être suffisantes pour répondre à la demande.
« C’est comme si on avait un bateau de croisière avec une capacité de 5000 passagers, mais qu’il y en avait 20 000 qui embarquaient et qu’on partait. On n’a pas le staff pour ça, on n’a pas les services pour répondre à ça non plus »
« Financer les clubs en ville »
Depuis maintenant quatre ans, un nouveau modèle de financement des clubs de motoneiges affiliés à la FCMQ est en place. « C’est un modèle qui se veut d’être plus égal envers tous les clubs pour assurer la pérennité des plus petits groupes aussi », affirme Stéphane Desroches.
Le président de Caribou-conscrits voit en cette nouvelle méthode de procéder un défi pour son club d’un point de vue budgétaire. « Nos machines travaillent plus de vingt heures, celles à Montréal, peut-être six à huit heures maximum. On couvre 800 kilomètres et on reçoit plus de gens de l’extérieur que de gens de notre région par moments. On se retrouve à faire vivre certains clubs au final », soutient-il.
Néanmoins, le directeur général de la FCMQ défend l’importance du principe d’égalité dans la répartition des ressources financières. « Sans ce nouveau modèle-là, on s’en allait dans un mur. Certains clubs riches fonctionnaient très bien avant, mais maintenant, même les moins nantis ont leur part », argue-t-il.
Se désaffilier de la Fédération
À la vue de ces enjeux qui s’avèrent problématiques pour le club établi sur les monts Valin, une réflexion a été entamée dans le camp de Caribou-conscrits. « On envisage la possibilité de se séparer de la Fédération, mais il faudrait que les autres clubs majeurs de la région nous suivent là-dedans. C’est un gros dossier, on n’est pas encore rendus-là », rassure Julien Tremblay.