Amour et inclusion : portrait de la communauté LGBTQ+
Le spectre de la diversité sexuelle et de genre connait une expansion depuis quelques années. Il existe de plus en plus de façons de s’identifier, et c’est le cas de Marie-Philippe, une polyamoureuse de 28 ans. Pour David, Vincent et Jérémy, vivre à trois est la formule de prédilection qu’ils ont choisie. Ils forment un trouple à Saguenay depuis maintenant un an.
Plusieurs personnes issues de la diversité au Québec ont fait face aux projecteurs afin de partager leur réalité et d’offrir une visibilité à la communauté.
Selon la professeure de philosophie au Cégep de Jonquière et étudiante au doctorat en étude féministe, Julie Gauthier, il est primordial que les gens soient plus éduqués sur le sujet de la diversité, et qu’ils prennent les responsabilités de leur éducation en la matière.
« Tout le monde a des préjugés, il faut en prendre conscience. Il y a tout le poids d’avoir à éduquer les gens. Par exemple, si je dis que mon pronom est ielle, et que quelqu’un ne sait pas ce que c’est, il faut que je lui explique. Je peux le faire, mais à un moment, ça peut devenir lourd. Il y a des gens qui se fatiguent et qui disent “ éduque-toi ” », explique l’enseignante.
Marie-Philippe Bisson partage cet avis. Femme de 28 ans polyamoureuse, elle-même se questionnait sur ses pensées et sur ses désirs. Elle s’est longtemps remise en question en ce qui concerne son identité sexuelle.
« Quand je me voyais attirée par plusieurs personnes en même temps au secondaire, je me disais “ je ne dois tellement pas être correcte ”, mentionne-t-elle.
Marie-Philippe a accepté de discuter de sa réalité afin d’éclairer les gens qui vivent une situation similaire et qui se questionnent toujours. « Sans communication, rien n’est possible. Les émotions sont vraiment chamboulées et mises à l’épreuve. Il faut donc beaucoup de communication et de réassurance », souligne-t-elle.
Elle ajoute également que chaque relation qu’elle entretient sont différentes. Pour la polyamoureuse, « tout est une question de respect envers elle-même et envers ses partenaires ».
Vivre à trois
Le dialogue est une pratique qui revient régulièrement lorsqu’il est question de la diversité. Pour Vincent Gazaille, David Vaillancourt et Jérémy Belensky, un trouple depuis maintenant un an, la communication est une valeur sûre.
« La communication, c’est la clé dans tous les couples », assure Vincent. « Encore plus à trois. Parfois même pour un couple à deux, la communication est difficile », ajoute Jérémy.
Au cours d’une entrevue dans le salon des trois jeunes hommes, les anecdotes et les confessions se faisaient nombreuses. « Quand j’ai dit à ma mère que j’étais en trouple, elle m’a tout de suite dit : Ah! donc vous êtes comme un trio McDo », confie Vincent en laissant échapper quelques rires.
Pour le trouple, vivre à trois nécessite une bonne gestion de la planification. « C’est trois fois plus de choses à gérer et à penser », confie David, mais selon les amoureux, le jeu en vaut la chandelle.
Si le trio avait un message à passer aux gens qui hésitent à se lancer dans une situation parce qu’ils sont paralysés par la peur du jugement ou du rejet, ce serait de faire le saut. Sinon, ils passeront peut-être à côté de l’opportunité de leur vie. « Il faut écouter ce que notre cœur nous dit. Il ne faut pas s’arrêter à ce que les autres pourraient penser parce qu’au final, on a seulement une vie à vivre… Et il faut la vivre pleinement. »
Ailleurs dans le monde
Dans certains cas, exposer sa diversité est tout simplement interdit. Selon un rapport publié en 2020 de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans et intersexes, l’homosexualité constituait un crime dans 69 pays et passible de la peine de mort dans 11 d’entre eux.
Si certains de ces pays comme Singapour ont depuis dépénalisé l’homosexualité, la majorité d’entre eux ne sont pas près de faire de même, notamment plusieurs pays en Afrique et au Moyen-Orient.
Jusqu’en 1990, avant son retrait de la liste par l’Organisation mondiale de la santé, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale. La transidentité a été retirée de cette liste en 2018 seulement.