Commotion cérébrale dans le sport : quand la passion l’emporte sur la santé

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Comme tous les mercredis, Guillaume Bélanger, 18 ans, entre sur la patinoire pour son match de hockey hebdomadaire. Même si c’est sa passion depuis ses quatre ans, ce sport représente un danger pour son avenir.

Pour Guillaume Bélanger, le hockey est sa deuxième famille. Photo : Célie Dugand

 

Alors qu’il n’avait que huit ans, Guillaume a subi sa première commotion cérébrale. Par la suite, les accidents se sont multipliés. À ce jour, il a été victime de trois commotions cérébrales sévères et de six traumatismes crâniens légers.

Dans le milieu sportif, ces accidents arrivent régulièrement. Selon l’Association québécoise des neuropsychologues, 20 à 40 % des athlètes subissent une commotion cérébrale chaque année.

Guillaume s’est toujours bien rétabli, mais le processus de récupération était difficile. « Le fait de ne pas jouer au hockey et de rester seul pendant deux semaines, couché dans le noir, c’est un peu déprimant », se remémore-t-il tristement.

Au fil du temps, Guillaume a commencé à ressentir les effets secondaires de ses commotions. « J’ai une perte légère de motricité. Quand je marche, parfois, un de mes genoux va me faire perdre l’équilibre. J’ai aussi des maux de tête qui arrivent n’importe quand, de la difficulté à me concentrer et des pertes de mémoire. »

Les joueurs touchés ne subissent pas tous d’effets à long terme. Gauthier Huloux, joueur de football depuis trois ans au sein de l’équipe des Gaillards de Jonquière, n’a eu qu’une commotion et l’impact est moindre.

« Juste après, j’ai eu du mal à me concentrer. L’exposition à la lumière était difficile, ça me piquait les yeux, et j’avais aussi du mal à dormir », se souvient-il. Désormais, Gauthier n’a plus aucun symptôme.

Si elle est mal soignée, la commotion peut s’avérer mortelle. « Si un coup est plus intense, il peut y avoir un saignement au niveau du cerveau, c’est ce qu’on va appeler un hématome cérébral, détaille le physiothérapeute du Centre Physio Plus Sport de Chicoutimi, Jean-Baptiste Ouellet. Le sang va se répandre dans le cerveau et ça va augmenter la pression dans la boîte crânienne. De gros troubles neurologiques peuvent alors apparaître. Si rien n’est fait dans les 48 heures, on peut mourir. »

Des précautions indispensables

La prévention dans les clubs est donc nécessaire. Au football, les entraîneurs doivent participer à deux formations avec Football Québec et Football Canada. Ils sensibilisent ensuite leurs joueurs.

« On en parle chaque jour pour s’assurer qu’on bloque et qu’on plaque de façon sécuritaire », raconte l’entraîneur de football des Gaillards, Philippe Leduc.

Les règlements et les façons de jouer ont également évolué, notamment au football. « Depuis 10 ans, des gestes qui étaient encouragés auparavant sont punis gravement, il peut même y avoir des éjections de matchs », explique Philippe Leduc.

Même constat au hockey. « On s’améliore en termes de communauté pour diminuer un peu les coups à la tête et les coups vicieux, donc ça aide à réduire le nombre de commotions », remarque le thérapeute des Élites de Jonquière, Anthony Labrèche.

Au hockey, le style de jeu a évolué avec le temps. Photo : Xavier Nicole

 

Malgré cela, des commotions cérébrales peuvent toujours survenir. Pour se protéger, Guillaume a investi. « J’ai un équipement spécial contre les commotions cérébrales avec un plastron et un casque avec des protections supplémentaires pour éviter un trop gros contact à la tête », détaille-t-il.

Malgré toutes ces précautions, certains joueurs sont obligés d’arrêter leur sport à cause des commotions cérébrales.

Pour Guillaume, cette option n’est pas envisageable. « Le hockey, c’est avant tout une passion, tu ne peux pas enlever ça à une personne. Je pense que ça m’a sauvé de la dépression, surtout pendant la pandémie. » Ainsi, malgré tous les obstacles que Guillaume a dû surmonter durant son parcours sportif, il n’abandonnera jamais ce qu’il considère comme sa deuxième famille.

 

Xavier Nicole et Célie Dugand

 

 

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