Cyberintimidation et télé-réalité

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Bien que l’expérience de participer à une télé-réalité puisse engendrer des retombées intéressantes pour les candidats, nul n’est à l’abri de la cyberintimidation, un phénomène grandissant au pays. Certains anciens participants de ces émissions font le point sur leur retour, parfois tumultueux, à la réalité.

« Les ‘personnages’ qu’on voit à la télé, ils existent. » Naadei Lyonnais. (Photo : Agence QMI, Joël Lemay)

En dépit d’une réception généralement positive de la part du public, Naadei Lyonnais d’Occupation Double « chez nous » s’est livrée sur les raisons qui l’ont poussée à disparaître des réseaux sociaux à sa sortie de l’aventure. « Il y a eu un groupe d’une dizaine de personnes qui a décidé de m’intimider et de vouloir s’en prendre à ma famille. J’ai vraiment vécu un traumatisme », confie-t-elle.

L’ex-candidate se souvient également de la sensation d’impuissance qui l’habitait face à son cellulaire. « J’ai commencé à avoir un gros stress par rapport à mon téléphone parce que dès que j’avais une notification, j’avais l’impression que c’était peut-être eux. »

L’expérience lui a fait réaliser qu’il « faut vraiment savoir dans quoi on s’embarque avant de faire une télé-réalité. Ça parait bien étincelant et attrayant, mais il faut vraiment être équilibré et bien entouré », endosse-t-elle, en toute connaissance de cause.

Selon Naadei, les préjugés sur les télé-réalités renforcent les comportements intimidateurs sur les réseaux sociaux.

« Il y a une perception dans la culture populaire qui laisse croire que les gens qui participent à ces émissions-là ont tout et que leur vie est donc belle », enchaîne-t-elle en soulevant l’hypothèse d’un manque d’empathie à l’égard des participants.

Sur la notion de cyberintimidation, la chargée de projet et mannequin estime que certains se permettent une latitude qu’ils n’oseraient pas prendre avec leur propre entourage, sous prétexte que ces personnes n’existent qu’à travers le petit écran noir.

Il y a toujours deux côtés à la médaille

Celle qui a animé les deux premières saisons de l’Île de l’amour témoigne de son implication à la barre de l’émission. « En animant l’ile de l’amour, je me suis vraiment sentie hyper protectrice des insulaires. Ce qui est compliqué quand on est de l’autre côté c’est qu’on voit tout ce que personne d’autre ne voit », précise-t-elle en faisant référence aux stéréotypes associés aux candidats de télé-réalité.

Elle ajoute que pour le bien du divertissement, la production crée des « personnages » et met de l’avant certains côtés de personnalité. Les répercussions du processus peuvent être difficiles à endosser pendant plusieurs années pour ceux qui interprètent les rôles.

 

« Je pense que si j’avais à refaire une télé-réalité, maintenant je serais plus préparée parce que je sais à quoi m’attendre. » Julie Munger. Photo : Facebook)

Pour l’ex-candidate de « OD chez nous », Julie Munger, il y a définitivement un avant et un après OD. Avant la fin de son aventure à Occupation Double en 2020, des milliers de ‘followers’ ont migré sur la page Instagram de la Saguenéenne, atteignant rapidement le cap des 100 000 abonnées. « C’était le chaos! J’ai dû me poser la question à savoir comment j’allais utiliser ma plateforme. Ça met beaucoup de pression sociale », confie-t-elle en rappelant ce tournant marquant dans sa vie.

Et comme le succès n’arrive jamais seul, Julie a elle aussi eu droit à son lot de commentaires sur les réseaux sociaux.

« J’ai l’impression que les gens se donnent le droit parce que tu as été chez eux, dans leur télé toute la semaine. Donc ils vont dire des choses comme s’ils te connaissaient vraiment », concède la jeune femme.

La maquilleuse professionnelle et créatrice numérique ajoute également que la plupart des commentaires négatifs à son égard sont grossophobes. « Moi c’est souvent sur mon poids, dès qu’on voit que tu as une différence, t’es dans le trouble, mais je m’en torche vraiment », répond Julie en laissant échapper quelques rires. L’ex-candidate conclut l’entrevue en ajoutant « qu’il faut en prendre et en laisser, mais qu’il faut certainement trouver des outils pour contrer la cyberintimidation. »

« Insulter quelqu’un n’est pas une liberté d’opinion, c’est de blesser quelqu’un. » François Lambert. (Photo : Facebook.)

De son côté, François Lambert a eu droit à tout un cocktail de commentaires haineux à sa sortie de l’émission Un souper presque parfait en 2011. « Moi je n’étais pas fait pour faire de la télé. Je ne connaissais pas ça, j’ai été moi-même, dans la vie je ne suis pas une personne désagréable et hautaine, mais les gens m’ont perçu comme ça », se surprend-il.

Bien qu’il ne craigne pas d’être une personnalité publique, François se souvient encore du poids des mots véhiculés à la sortie de ladite émission. « Il y a eu une semaine où j’ai eu vraiment peur, je ne sortais pas vraiment de chez moi », témoigne-t-il en toute transparence.

L’entrepreneur garde toutefois de bons souvenirs de sa participation plus récente à la télé-réalité Big Brother Célébrités, dans laquelle il a vécu 92 jours, isolés du reste de la société. « À ma sortie de Big Brother, c’était un bain d’amour, tellement que je ne pouvais plus aller faire l’épicerie. Les gens ont appris à me connaître et à m’aimer », conclut l’ancien dragon.

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