Pompier et pompière : une vie de sacrifices

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La profession de pompier a grandement évolué au cours des 20 dernières années au pays. De plus en plus à risque et sollicités en matière de sécurité civile, les pompiers se butent à la tâche laborieuse de la conciliation travail-famille.

Raphaëlle Gagnon-Blais, pompière depuis plus de 12 ans. (Photo : courtoisie)

Selon le chef aux opérations du Service des incendies de  Dolbeau-Mistassini, Serge Gagné, il y a parfois un prix à payer lorsqu’on s’engage pleinement dans le métier.

« Je suis un dommage collatéral de tout ça, je suis divorcé  maintenant. Plus tu t’impliques et plus c’est demandant. Ça crée des dommages pour ton entourage, ça, c’est sûr et certain », renchérit-il en expliquant la difficulté de concilier la vie travail-famille.

Le président du syndicat des pompiers de Saguenay, David Girard, partage le même avis. C’ est pourquoi le modèle de l’horaire qui consiste à faire 24 heures de garde consécutives deux fois par semaine  fait partie des demandes syndicales pour le renouvellement de la convention collective. « On l’a essayé pendant la pandémie et on s’est rendu compte que cet horaire-là avait des avantages, ça offre plus de jours de congés et ça nous permet de nous reposer quand on a de grosses séquences de feu et d’appels », explique M. Girard en indiquant que cette formule s’applique déjà à la majorité des municipalités de la province.

Cancer reconnu en hausse chez les pompiers

Une menace plus insidieuse que le feu s’ajoute aux facteurs de risques auxquels les pompiers sont exposés. Le professeur en écotoxicologie à l’Université d’Ottawa, Jules Blais, dévoilait les résultats de sa recherche sur les particules toxiques à l’émission Découverte en 2018.  À ce moment, 60 %  des pompiers qui avaient perdu la vie pour des raisons associées au travail décédaient du cancer.

Une problématique bien connue pour David Girard. « Nous quand on va au feu, on enlève nos habits après et on est tout noir et ces particules-là entre dans nos pores  de peau et elles sont ultra  cancérigènes. On voit de plus en plus de jeunes pompiers qui développent le cancer », déclare-t-il. Celui-ci met le blâme sur les nouveaux bâtiments, généralement composés de matériaux synthétiques, ce qui augmente considérablement le niveau de toxicité présent dans la fumée.

« Le feu sacré »

Pour Serge Gagné, le métier de pompier est bien plus qu’un travail, c’est une vocation.

« En moyenne un pompier à temps partiel va faire environ huit ans, dans le gros maximum. Ça prend le feu sacré! Il y en a qui vont faire 20 ans et plus, mais ils s’en viennent de plus en plus exceptionnels », enchaine  le chef des opérations.

Ce « feu sacré » dont parle M. Gagné brûle depuis plus de 12 ans pour la pompière de Saint-Césaire, Raphaëlle Gagnon-Blais. « Je veux faire ça jusqu’à ma retraite et je compte les jours avant de postuler comme lieutenante », déclare fièrement la passionnée.

Mme Gagnon-Blais soulève toutefois que la plupart des services d’incendie sont « à bout de souffle », car il y a « énormément » de municipalités à travers le Québec qui doivent concilier avec la pénurie de main-d’œuvre. « C’est de plus en plus dur d’avoir des intervenants, on est ‘low staff’ parce qu’on te demande de plus en plus d’implications, sans nécessairement te redonner en retour. »

Elle ajoute que le nombre d’appels a considérablement augmenté au cours des dernières années, rendant plus complexe la gestion du temps. « Quand j’ai commencé, je me rendais une fois par semaine à la caserne, là on reçoit 365 appels par année.  La Ville demande à faire du bénévolat, on a des rencontres d’équipe et surtout plusieurs formations et maintiens de compétences », conclut la pompière.

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