Jusqu’où te mènera ta langue? | Un spectacle captivant et puissant

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L’auteure Annick Lebfevre en pleine livraison.

Avec toute la force des mots et leur présence sur scène, les auteurs et comédiens du spectacle Jusqu’où te mènera ta langue ont livré une performance grandiose, mercredi soir à la salle Pierrette-Gaudreault. Alternant l’humour et la réflexion, les artistes ont captivé l’auditoire par leurs paroles sans filtre et leur intensité.

Aucun sujet dérangeant n’a été épargné: la place des femmes en 2019, l’environnement, la diversité ethnique, l’engagement social, la désinformation, le manque de dialogue, l’individualisme… L’exercice était simple: les artistes devaient répondre à des questions dans un cahier Canada. À partir de là, Martin Faucher, metteur en scène aux éditions du Jamais Lu, a rassemblé des extraits des textes de chacun pour créer une livraison explosive et unique, avec des références propres au Saguenay-Lac—St-Jean.

Hubert Lemire arborant fièrement son t-shirt de Patrice Desbiens.

Quatre micros, six humains debout, qui parlent ouvertement, sans retenue. Un véritable délire créatif et revendicateur. Deux musiciens ont accompagné les discours tantôt joyeux, tantôt plus graves.

Les artistes Sarah Berthiaume, Dany Boudreault, Martin Giguère, Emmanuelle Jimenez, Annick Lefebvre et Hubert Lemire ont su exploiter la langue dans son plein potentiel, faisant reluire sa richesse. Ils ont récité le fond de leurs entrailles, de leur pensée, d’une façon spontanée. Les mots s’enchaînaient et s’enchâssaient pour imager un torrent d’idées et de folie, se rapprochant dangereusement de la réalité. Leur sincérité était frappante.

Un extrait abordant le thème de la prise de position tranchante sur les réseaux sociaux lu par Emmanuelle Jimenez illustre cette franchise. «C’est le lieu où tout le monde a l’air si sûr de sa shot. Cet espace ou le doute ou la gaffe ne sont pas permis. Je suis en overdose de conflit. Je rêve de voir les gens qui s’assoient, qui se parlent et qui s’entendent. Avis aux capitalistes dans la salle : je suis certaine qu’il y a de l’argent à faire avec ce nouveau genre de pornographie, je payerais cher pour voir ça».

Dany Boudreault et Emmanuelle Jimenez qui se prennent pour des hommes politiques.

«Ce genre de production nous oblige à l’urgence. Cette rapidité nous permet d’être plus collés à l’actualité», a témoigné Martin Faucher lors d’un échange après la prestation. «T’as pas le temps de faire de l’autocensure. Si j’avais eu plus de temps j’aurais probablement coupé des bouts», de répondre Annick Lefebvre, l’une des comédiennes. C’est justement cet accès direct et le côté éphémère du spectacle qui le rend si bon. Seulement deux autres présentations sont à l’horaire, jeudi à Roberval et vendredi à Alma.

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