Pickleball : une expansion freinée par un manque de terrains

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Le nombre de joueurs de pickleball a presque triplé en deux ans au Canada. (Photo : Célie Dugand)

Après s’être défoulé pour la première fois sur les terrains de pickleball du Patro de Jonquière, André Gervais pose sa raquette et sourit. Ce nouveau sport l’a conquis. « Je suis agréablement surpris. C’est formidable, je vais revenir ! » Si ce sport devient de plus en plus populaire, son développement fait face à un obstacle à Saguenay : le manque de terrains.

Comme André Gervais, beaucoup ont testé ce mélange de tennis, badminton et ping-pong et l’ont apprécié, si bien que depuis quelques années, ce sport connaît une véritable ascension aux États-Unis, avec plus de 4,8 millions de joueurs selon la Sports and Fitness Industry Association. C’est également le cas au Canada puisqu’on compte désormais 350 000 joueurs selon Pickleball Canada, soit presque le triple d’il y a deux ans.

C’est d’ailleurs aux États-Unis que le pickleball a vu le jour en 1965, alors que le sénateur Joel Pritchard et deux de ses amis cherchaient une occupation à proposer à leurs familles. Mais ce n’est qu’en 2008 que ce sport a été importé au Québec et en 2016 qu’il est devenu véritablement populaire dans cette province.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, tout a commencé avec la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ), il y a six ans. Poussée par les FADOQ des autres régions, qui pratiquaient déjà ce sport, elle s’est à son tour mise à jouer au pickleball.

Au fil des années, ce sport est devenu de plus en plus populaire. « Le monde attire le monde, c’est aussi comme ça que cela s’est passé en Floride », raconte le directeur régional de la Fédération québécoise de pickleball (FQP), Roger Tremblay.

Selon lui, la notoriété du pickleball s’explique facilement. « C’est un sport nouveau qui fait bouger et ne coûte pas cher. Il est ouvert à tout le monde car il est simple. C’est comme si on était debout sur une table de ping-pong géante. ». L’objectif du pickleball est de renvoyer la balle, en plastique et parsemée de trous, de l’autre côté du terrain.

Les adeptes confirment. « C’est un sport qui se joue bien malgré mon âge. Ça me permet de garder la forme, mais cela demande tout de même une certaine adresse », souligne Richard Ratté. De son côté, André Gervais est du même avis. « C’est moyennement facile au début, la balle est en plastique alors elle ne rebondit pas comme on a l’habitude, il faut aller la chercher plus bas, détaille-t-il. Mais j’ai beaucoup apprécié la mixité de ce sport ! »

Une évolution difficile à Saguenay

L’objectif a ensuite été de faire découvrir ce sport aux plus jeunes. « Il faut aller chercher les jeunes pour faire évoluer le pickleball », soutient Roger Tremblay, qui a alors formé des élèves et des professeurs d’éducation physique dans des écoles. Selon lui, 1000 jeunes sont initiés à ce sport chaque année.

Pour Roger et Suzie Tremblay, le pickleball est une véritable passion. (Photo : Célie Dugand)

Des tournois ont également vu le jour, montrant que le pickleball est en constante évolution.

Face à cette popularité grandissante, de plus en plus de terrains ont été créés, notamment à Alma, véritable centre nerveux du pickleball avec 10 terrains intérieurs et extérieurs. À Saguenay, l’implantation a été plus difficile. Ce n’est qu’à l’automne 2021 que trois terrains ont vu le jour.

Cependant, selon les sportifs, il n’y en a pas assez et cela freine le développement du pickleball. « On a de bons joueurs, mais il manque de terrains pour que le sport évolue », affirme Jacques Villeneuve. Pour Roger Tremblay, c’est un virage à prendre. « Les trois terrains sont toujours remplis. Il en faut plus, sinon on perdra le pickleball. Il y a un train qui passe, il ne faut pas le manquer. »

Pour combler ce manque, des terrains ont été créés au centre sportif Intencité de Chicoutimi, mais il n’y a pas de vrais terrains extérieurs. Les amateurs de pickleball jouent alors sur des terrains de tennis en traçant leurs propres lignes, mais ce n’est pas pratique.

Certains évoquent des solutions. « Il y a beaucoup de bâtisses abandonnées, cela pourrait devenir des terrains », propose le joueur Richard Ratté.

L’expansion du pickleball ne va sûrement pas s’arrêter ici. « Un club serait le bienvenu », espère Danielle Ménard, qui pratique le pickleball depuis quatre ans. La FQP, créée en 2011, a pour objectif de participer aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2036.

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