Acceptation de soi : 30 000 jeunes se font noter sur 10

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Les notes que reçoivent les jeunes pourraient avoir un impact important sur leur santé mentale et leur vision d’eux-mêmes, selon le psychologue Pierre Plante. (Photo : Alex Delcourt)

« Beau ou laid, soyez honnêtes. » Près de 30 000 jeunes sont membres d’un groupe Facebook où ils publient des photos dans l’objectif d’être noté ou d’avoir des identifiants Snapchat. Espace jeunes, de son nom, a pris une tout autre tournure avec le temps, passant d’une page pour discuter entre jeunes à un Tinder pour mineurs.

On défile le fil d’actualité du groupe. « Une note sur 10? Shoot une photo, je te note en retour », « J’ai rien à faire, donc vas-y notez-moi ! », « Balance ta photo, je te note ». Plein de jeunes qui sont en quête d’acceptation de soi.

Ce n’est pas surprenant selon le psychologue et enseignant en psychologie à l’UQAM, Pierre Plante. « Dans l’adolescence, l’acceptation de l’autre est une dimension essentielle. Le jeune vient à peine de se sortir de sa relation parentale sur le plan du développement. Le jeune veut montrer son autonomie, mais bien souvent, ce n’est pas une autonomie, c’est une nouvelle dépendance. C’est une dépendance à son groupe d’appartenance », explique-t-il. Le jeune passe du groupe d’appartenance qui est ses parents et va ensuite vers un nouveau groupe qui est ses amis et ses camarades de classe.  « C’est sain et normal », ajoute le psychologue.

Ce qui n’est pas sain et normal, c’est de mettre des photos qui pourraient être plus suggestives. Pour les gars, c’est de retirer le chandail et pour les filles c’est de se mettre en haut de sport par exemple. Ce sont 10 des 15 dernières publications sur cette page qui contenaient des photos ayant un style similaire à la description plus haute au moment d’écrire ces lignes.

Pourquoi franchir cette limite?

 

Selon Pierre Plante, il ne faut pas regarder loin, mais dans la même maison que ces jeunes pour avoir une piste. La liberté que donnent certains parents à leur enfant serait problématique selon l’expert. Selon ce que rapporte le psychologue, plus un enfant ou un adolescent a de liberté, plus il va vouloir repousser les limites. L’une des patientes de M. Plante, qui consultait pour ce motif, lui avait déjà dit « La liberté me tue. »

« Les jeunes vont souvent idéaliser l’autre. Ils veulent l’acceptation de l’autre. C’est là que le déséquilibre se fait. Ça se traduit chez le jeune adulte par la suite. Souvent, on va entendre ”Si je fais ça qu’en penses-tu? ” Ma réponse est souvent, si je te dis oui, si je te dis non ou que je qualifie ce que tu fais, quel poids tu vas lui donner? Tu es l’expert de ce que tu vis », illustre M. Plante. C’est ce qui arrive sur la page Espace jeunes selon lui.

« C’est une préoccupation »

C’est une préoccupation selon le sergent de la Sureté du Québec, Frédéric Boutin. Le principal danger selon le policier est relié à l’usurpation d’identité. « On ne sait jamais qui se trouve derrière l’écran. Ça peut être un petit gars ou un prédateur », explique l’agent de la paix.

C’est étroitement relié à ce que déclare l’avocat Charles Cantin. Selon lui, la possibilité de chantage est également dangereuse. D’après les textes de loi qui ont été proposés par Me Cantin, cette page ne présenterait rien d’illégal.

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