Pêche blanche et motoneige : les entreprises d’ici devront s’adapter

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Le Lac-Saint-Jean demeure pour le moment épargné et continue de connaître des hivers longs. Photo : Courtoisie Hugues Ouellet

Le Lac-Saint-Jean demeure pour le moment épargné et continue de connaître des hivers longs. Photo : Courtoisie Hugues Ouellet

Avec l’annulation des villages de pêche blanche et la saison de la motoneige qui a débuté tardivement, des entreprises comme Équinox Aventure se réjouissent d’avoir pris la décision de diversifier leurs sources de revenus. Il y a quatre ans, l’entreprise a décidé d’offrir des activités durant la saison estivale. Le propriétaire est d’avis que pour survivre à la nouvelle réalité des changements climatiques, il est devenu essentiel pour son industrie d’opérer tout au long de l’année.

Le propriétaire d’Équinox Aventure, Hugues Ouellet, est catégorique : toutes les entreprises du Saguenay qui exploitent des activités extérieures devront, dans un avenir très rapproché, trouver des solutions pour survivre à la nouvelle réalité des hivers cléments. L’avenir de ces entreprises est selon lui menacé par le manque de vision de certains entrepreneurs.

« Moi, je ne fais pas que de la motoneige, précise l’entrepreneur. Les gens qui ne font que de ça, ça devient stressant parce que tu ne peux pas te fier sur ta saison hivernale pour te récupérer. »

Offrir des activités durant les 365 jours de l’année lui permet de compenser lorsqu’un hiver comme celui de cette année est moins froid que prévu. Hugues Ouellet avance également que les gens qui travaillent avec lui sont tous inquiets de la hausse des températures, mais que très peu de changements concrets sont mis de l’avant.

« Depuis trois ou quatre ans, c’est un gros sujet de discussion, mentionne le propriétaire d’Équinox Aventure. Dans mon domaine, habituellement, si tu ne t’adaptes pas, tu ne vis pas très longtemps. »

Cette année, son entreprise a déployé un minibus et une remorque pour transporter les adeptes de motoneige jusqu’au point de départ du sentier. C’est une des façons de faire que l’entreprise a trouvée pour minimiser les impacts du manque de neige en début de saison.

Des hivers toujours plus chauds

Selon l’adjoint à la direction et chargé de projet au Conseil régional de l’environnement et du développement durable du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CREDD), Luc Chiasson, des épisodes de temps doux comme ceux vécus cette année risquent d’arriver beaucoup plus fréquemment dans les années à venir.

Pour M. Chiasson, les villages sur glace, aménagés chaque année à l’Anse-à-Benjamin par exemple, pourraient disparaître et laisser place à des installations sur tente seulement. Selon lui, le développement des moteurs électriques pour motoneiges permettra éventuellement de remplacer à terme tous les engins à essence du marché.

« Est-ce qu’on peut empêcher des gens de faire un loisir ? La réponse est non, affirme l’adjoint à la direction du CREDD. Cependant, on peut encourager à faire une transition vers des façons de faire plus écologiques. »

Épargné pour l’instant

Charles Dufour pratique la pêche blanche sur glace depuis 20 ans. Son entreprise, Aventure-Lac-Saint-Jean, profite du climat enviable par rapport à d’autres régions du Québec. Photo : Courtoisie Charles Dufour

Charles Dufour pratique la pêche blanche sur glace depuis 20 ans. Son entreprise, Aventure-Lac-Saint-Jean, profite du climat enviable par rapport à d’autres régions du Québec.
Photo : Courtoisie Charles Dufour

Le propriétaire d’Aventure Lac-Saint-Jean, Charles Dufour, se compte chanceux de pouvoir exploiter la pêche blanche sur glace depuis maintenant 13 ans. Cela n’a pas empêché pour autant l’entreprise d’être présente dans d’autres créneaux comme la pêche d’été, les croisières touristiques ou encore l’observation d’ours en forêt.

Malgré que chez Aventure Lac-Saint-Jean on ne nie pas les changements climatiques, le propriétaire ne trouve pas que les hausses de températures affectent les activités de l’entreprise pour le moment.

Aventure Lac-Saint-Jean a donc, pour l’instant, toujours pu opérer en hiver sans trop d’ajustements. M. Dufour considère que le Lac-Saint-Jean possède un climat privilégié, surtout si on le compare à celui de La Baie.

« Nous on est dans un lac donc il n’y a pas de courant, on a de l’eau douce et on n’a pas de marées, précise le spécialiste de la pêche blanche. Ma saison commence dans le coin de Noël et se termine autour du 31 mars. »

Il est déjà arrivé que les activités de pêche blanche s’étalent sur près de 100 jours.

Le propriétaire considère qu’il est normal qu’au moins une fois tous les 10 ans le Lac-Saint-Jean connaisse un hiver un peu plus chaud.

« En 2015, j’avais embarqué mes cabanes le 12 janvier. Cette année, c’était le 8 janvier, ce qui est exceptionnel, mais pas nécessairement catastrophique. »

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