Les limites de la littérature remises en question au Salon du livre

Les auteurs Patrick Senécal, Ghislain Taschereau et Mélanie Minier (Photo : Marc-Antoine Lessard).
À l’occasion du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, les romanciers Patrick Senécal, Ghislain Taschereau et Mélanie Minier ont brassé les cartes sur les barrières de la liberté d’expression en littérature, le dimanche 29 septembre, lors d’une table ronde se déroulant à l’hôtel Delta de Jonquière.
Bien qu’il n’y ait pas de limites au sens propre du terme, les trois auteurs s’entendent pour dire qu’il y a toutefois une responsabilité qui s’impose à l’écrivain par rapport aux sujets abordés dans leurs livres. « Mon premier jet, il y en a presque toujours [du contenu sensible], exprime Patrick Senécal. Quand je me relis, je coupe des affaires parce que, en général, je me rends compte que je mets trop de violence pour rien […], mais souvent je vais en enlever, pas par morale, pas par censure, mais parce que ça ne marche pas. »
Le tout est encore plus important lorsque le contenu est destiné aux jeunes. « Moi je le sais très bien qu’une série que j’écris, c’est pour les 8 à 12 ans. Je le sais à peu près ce qu’est être un enfant de 8 à 12 ans, donc j’ai toujours ça en arrière de la tête », affirme Mélanie Minier, autrice de romans jeunesse originaire de la région.
Sujets sensibles
Pour sa part, Ghislain Taschereau a exprimé le fait qu’il trouve que la population se sent trop rapidement offensée de nos jours, et que cela peut avoir un impact sur leur processus d’écriture. « Les gens se froissent pour pas grand-chose, pour des choses qu’ils prétendent parler au nom de tout le monde en disant ça n’a pas d’allure de dire ça, mais bien souvent, ça les touche eux autres seulement », exprime l’ancien humoriste. Selon lui, un balancement devrait s’effectuer de façon naturelle au cours des années à venir pour remédier à la situation.
Du point de vue de Patrick Senécal, certains sujets se doivent d’être offensants, mais il faut faire attention pour ne pas tomber dans l’exagération. « Je suis content qu’on s’offense plus devant le racisme, qu’on s’offense plus devant l’homophobie, la violence sexuelle, évidemment qu’il faut s’offenser de cela, mais là, à un moment donné, à force de s’offenser de n’importe quelle petite niaiserie, ça banalise tout. C’est rendu qu’on va se sentir autant offensé devant une vraie preuve de racisme que si quelqu’un fait une analyse à la radio et qui utilise le mot nègre. Ce n’est pas vrai qu’on est dans le même registre », dit-il.
Patrick Senécal dénonce au passage le manque d’ouverture de la part de certaines maisons d’édition pour publier des livres contenant certains sujets sensibles, tels que le racisme. « Ils ont peur des réactions, mais s’ils publiaient, je pense qu’ils seraient surpris de se rendre compte que ça ne réagira pas tant que ça. Si le livre est bien fait et qu’il est bon, le monde va l’accepter », ajoute l’auteur de romans d’horreurs.