Instabilité politique internationale: le dialogue est essentiel

Jean-François Lépine est expert de la Chine, il a voué un livre à ce pays. Michel Roche est un fin connaisseur de la Russie, il a, lui aussi, publié un livre sur la Russie. Photo : Cédric Bérubé
À l’heure d’une instabilité politique internationale qui risque de bouleverser le monde tel que nous le connaissons, le journaliste émérite Jean-François Lépine et le professeur en sciences politiques Michel Roche ont soulevé l’importance du dialogue dans les conflits internationaux, à l’occasion de la 60e édition du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
« Je ne veux pas vous faire peur, mais en analysant l’histoire des transformations du système international depuis le 17e siècle, ces périodes [la guerre de 30 ans, les guerres napoléoniennes, la Première et la Deuxième Guerre mondiale] sont les plus dangereuses. Ce sont des périodes où des puissances hégémoniques s’effondrent, et que le monde se refait pour retrouver un nouvel équilibre », affirme le professeur en sciences politiques à l’Université du Québec à Chicoutimi, Michel Roche, en marge d’une table ronde sur la politique et ses influences.
Le spécialiste de la Russie a d’emblée jeté les bases d’une discussion solennelle en évoquant le recul de l’influence américaine à travers le monde. « Lorsque les États-Unis dirigeaient le monde d’une manière unipolaire, c’est-à-dire uniquement à risque d’être contestée par l’Union soviétique, le droit international était plus facile à appliquer. Moscou et Washington étaient les deux seules réelles puissances mondiales. »
Toutefois, en l’espace de 30 ans, le monde a beaucoup changé. Selon les dires des experts, l’État américain n’est plus le seul joueur à trôner. Avec l’ascension de la Chine, le retour de la Russie, ainsi que la montée d’autres puissances comme l’Inde, l’État américain se voit dorénavant forcé de prouver au monde qu’il demeure la grande puissance mondiale. Du jamais vu depuis la chute de l’Union soviétique.
Le conflit Israël-Palestine, un aveu de faiblesse des Occidentaux
« Le pays par excellence, qui s’est toujours targué de protéger l’État d’Israël en leur fournissant des armes, les États-Unis, n’est pas capable d’arrêter le premier ministre Netanyahou dans cette quête de contrôle des ennemis immédiats du territoire », analyse le journaliste émérite Jean-François Lépine, évoquant la lassitude des pays occidentaux dans un conflit qui, chaque jour, risque de plus en plus d’embraser le Moyen-Orient.

« Les États-Unis et l’Europe ont proposé un projet de cessez-le-feu au Liban qui a été complètement ignoré par le premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou. », affirme Jean-François Lépine. Photo : Cédric Bérubé
Selon l’ancien journaliste à Jérusalem, la promesse à laquelle s’est rattaché Benjamin Netanyahou d’exterminer le Hamas, depuis les évènements du 7 octobre 2023, pourrait l’aveugler sur les risques d’un embrasement dans la région du Moyen-Orient. « Jamais dans le passé les Israéliens n’auraient osé s’attaquer à la tête du chef du parti politique du Hezbollah, Hassan Nasrallah, un allié de l’Iran vénéré. Mais ils se sentent tellement dans une quête inouïe pour assurer la paix d’Israël que le premier ministre a pris le risque de s’attaquer à cette icône religieuse. »
Le dialogue, l’antidote
« Il y a une sorte d’incapacité à résoudre nos conflits actuellement dans le monde, et c’est dans ces périodes de l’humanité qu’un risque d’embrasement mondial nous guette, puisqu’il n’y a aucune instance pour modérer le tout », déplore Jean-François Lépine, soulignant que le conseil de sécurité des Nations unies est géré par ceux qui ont gagné la Deuxième Guerre mondiale, alors que plusieurs puissances sont émergées depuis la fin des années 40.
« À l’époque de la bipolarité entre le bloc soviétique et le bloc de l’ouest, il existait le contrôle par la balance de la terreur. Les militaires adverses communiquaient entre eux, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les États-Unis n’ont aucune communication valable avec l’Iran ou Moscou. »