La réalité de la communauté transgenre en région

Sur le drapeau transgenre, les couleurs bleu et rose représentent les genres féminin et masculin alors que le blanc symbolise la transition de l’un vers l’autre. (Photo Laurence Richard)
La transidentité prend de plus en plus sa place au Saguenay-Lac-Saint-Jean. En revanche, un manque de médecins spécialisés dans la transition médicale nuit à la visibilité de la communauté trans saguenéenne.
Laurence Richard
Selon les informations du CIUSSS, la région compte cinq endocrinologues. * L’intervenante pour l’organisme Diversité 02 Amélie Dufour déplore tout de même un manque de personnel médical spécialisé dans la transidentité au Saguenay-Lac-Saint-Jean. « Même encore là, il faut ensuite être référé à Québec pour finalement être transféré et être pris en charge. »
Née dans le corps d’une fille, Amélie Perreault * a entrepris les démarches pour une transformation physique il y a quelques mois. « J’ai un dossier complet dans mon ordinateur appelé “chirurgie” et je pense qu’il y a au moins 12 documents là-dedans qu’il a fallu que je remplisse et numérise. »
Elle affirme que le processus n’est pas une mince affaire. « J’ai passé l’été à courir après mon médecin pour faire remplir un questionnaire sur ma santé physique, un autre sur ma santé mentale, sur un peu tout et les questions sont souvent compliquées », partage-t-elle.
Amélie Perreault affirme que les délais d’une transition médicale sont longs. « J’ai envoyé tous mes documents cet été et ils viennent tout juste d’accepter mon dossier. Il faut que j’attende 6 à 9 mois pour qu’ils regardent ça et après, je vais commencer à avoir des consultations sur une période de 9 mois et après, ça va être la chirurgie. Au total, ils m’ont dit que ça allait prendre 16 mois. »
Tout petits, grandes voix
Selon un recensement réalisé en 2021 par Statistique Canada, le Québec compte près de 10 000 personnes transgenres. Amélie Dufour pense que la visibilité de cette communauté dépend de région en région. « À Montréal, ils se disent plus ouverts, mais il y a aussi plus de monde. Au Saguenay, la population est beaucoup moins grande, donc la voix des gens qui n’acceptent pas la transidentité est plus forte. Ce qui n’aide pas non plus, c’est qu’ici, on n’a pas de village queer comme à Montréal », explique-t-elle.
Briser la glace
Amélie Perreault n’est pas inquiète des réactions quant à son futur changement physique. « On va se le dire, les gens qui ne m’aiment pas ne m’aiment pas maintenant et ils ne m’aimeront pas plus après. Pour eux, je suis déjà bizarre et différente. De toute façon, ils ne sont pas mes amis et je ne vais pas perdre des amis avec ça non plus. Ce n’est pas pour eux que je fais ça, c’est pour moi. »
Elle encourage les proches de personnes transgenres à avoir recours à plusieurs ressources pour faciliter l’acceptation. « Mes parents font partie d’un groupe de soutien pour les parents de personnes qui font un changement d’identité. Là-bas, ils peuvent sortir leurs émotions et dire tout ce qu’ils veulent sans avoir peur de me blesser. Si ça peut les aider dans le processus, je suis très contente. »
*Au moment de la publication de l’article, une réponse du CIUSSS était toujours en attente pour connaître le nombre d’endocrinologues de la région qui s’occupent de cas de transidentité.
*Amélie Perreault utilise encore son prénom donné à la naissance et s’identifie présentement aux pronoms « il » et « elle ».