« Mettez vos culottes », demande le maire de Roberval au gouvernement du Québec

Quelques personnes attendent l’ouverture de la maison des sans-abris de Roberval. (Photo: Charles-Antoine Desmeules)
La Ville de Roberval est aux prises avec un problème d’itinérance qu’elle ne peut résoudre seule, selon le maire Serge Bergeron.
Charles-Antoine Desmeules
À l’approche de l’hiver, le maire est inquiet à l’idée de retrouver des personnes en situation d’itinérance décédées de froid et croit que le gouvernement du Québec devrait mettre plus d’efforts pour gérer la situation. « Le gouvernement est le premier responsable, nous on accueille ces gens-là, on en fait beaucoup pour ces gens-là dans nos municipalités, mais ce n’est pas l’argent des citoyens et des citoyennes avec les taxes qui doit servir à payer ces services-là, non. Alors on demande au gouvernement, mettez vos culottes, occupez-vous de faire en sorte de nous donner les subventions nécessaires parce que c’est un problème social, c’est un problème provincial. »
Une vingtaine de personnes sans-abris sont actuellement dans les rues à la recherche d’un endroit pour se réchauffer et dormir. La maison des sans-abris de Roberval offre ce service, mais est limitée par les moyens dont elle dispose. La subvention qu’elle reçoit ne lui permet pas de rester ouverte 24 heures sur 24 et oblige donc les visiteurs à devoir retourner errer dans la ville. Également, la maison des sans-abris ne contient que douze lits, dont seulement deux réservés aux femmes, qui sont pourtant en augmentation au sein de la population itinérante à Roberval, indique l’intervenante responsable de la halte de jour de la maison des sans-abris, Vanessa Minier. Les hommes et les femmes ne peuvent partager une même chambre le soir.
Problématique
Certaines personnes en situation d’itinérance donnent plus de fil à retordre à la municipalité que d’autres. Il y a deux ans, une femme sans domicile fixe, Alexandra Siméon, aurait mis le feu à la bibliothèque de Roberval. Elle a été accusée, mais son dossier est toujours en attente puisqu’elle a été admise au Programme d’accompagnement justice et santé mentale + (PAJSM+).
La reconstruction de la bibliothèque est toujours en cours et les travaux sont estimés à plus de 7,9 millions de dollars.

Cette personne en situation d’itinérance a dû quitter la succursale de Banque Nationale après y avoir passé la nuit. (Photo: Charles-Antoine Desmeules)
Chaque semaine, les policiers reçoivent de trois à quatre appels pour évacuer les personnes sans domicile fixe qui dorment dans les entrées de commerces tels que les pharmacies ou les banques. Serge Bergeron explique que plusieurs ne se contentent pas que de dormir et « saccagent » les lieux en laissant derrière eux des détritus et même des excréments.
Les événements s’affichent également sur les réseaux sociaux, où la population dénonce la situation.
Se mettre à la place de l’autre
Vanessa Minier pense que ces publications n’aident pas à améliorer la situation et l’opinion publique. « Les spotted sur les réseaux sociaux ne donnent pas une image positive des personnes en situation d’itinérance. Les gens ont peur parce qu’ils ne vont pas vérifier. On leur rappelle de faire attention, mais quand tu vas vers eux tu vois que ce ne sont pas des personnes méchantes pour autant. »
Vanessa Minier explique que le problème ne date pas d’hier. Le coût de la vie et la pandémie en ont forcé plus d’un à devoir dormir à l’extérieur. « À Roberval, les personnes en situation d’itinérance, j’ai travaillé pendant 10 ans dans les rues et il y en a toujours eu, mais c’est juste que ça ne se voyait pas. »
Un recensement du gouvernement verra le jour au printemps prochain afin de comparer les chiffres et déterminer à quel point le nombre de personnes en situation d’itinérance a augmenté cette année à Roberval.