Pollution lumineuse : le ciel étoilé en péril

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Les commerces qui laissent leurs éclairages allumés toute la nuit sont une grande source de pollution lumineuse. Photo : Louis Thuet

Avec l’arrivée de la première neige, un phénomène risque de prendre encore plus d’ampleur ces prochaines semaines : la pollution lumineuse. Un problème moins prioritaire à Saguenay qu’au Lac-Saint-Jean.  

Louis THUET

La température de plus en plus froide, la première neige… pas de doute, l’hiver arrive à grands pas. Et au Québec où la nuit tombe aussi tôt dans la journée, le problème de la pollution lumineuse s’intensifie en cette saison froide.

La pollution lumineuse est la lumière artificielle produite par l’homme qui est envoyée vers le ciel. Concrètement, cela désigne l’éclairage des routes, des maisons, des monuments et surtout des commerces. Ce phénomène, qui peut sembler anodin, a des conséquences sur la biodiversité, mais aussi sur les êtres humains. Le professeur en sciences fondamentales à l’UQAC Patrick Faubert met en garde contre la mise à mal du rythme circadien « Cet ajout de lumière va perturber l’environnement physique de l’individu {…} C’est d’autant plus préoccupant pour la faune et la flore. La pollution lumineuse nuit au cycle de vie des plantes et modifie les trajectoires de vol des oiseaux. »

Bien que ce phénomène soit généralisé à l’ensemble de la planète, il est d’autant plus important dans les pays où la neige est présente en grande quantité. En effet, la présence de neige blanche sur le sol va contribuer à renvoyer plus de lumière vers le ciel à cause d’un phénomène physique : l’albédo. Concrètement, plus une surface est claire, plus elle réfléchit la lumière qui y est projetée. C’est pourquoi une ville souvent sous la neige comme Montréal produit pratiquement autant de pollution lumineuse qu’une ville comme New York.

Ce phénomène est aussi préjudiciable pour les astronomes. La pollution lumineuse contribue à rendre bien plus difficile l’observation du ciel et des phénomènes naturels comme les aurores boréales (lien hypertexte article Raphaëlle Savary).

Des municipalités divisées sur la question

À Saint-Félicien, on a pris le problème en main. Depuis les plaintes déposées contre la lumière émise par les serres Toundra il y a un an, la MRC Domaine-du-Roy a pris ce problème en considération.

Déjà, la MRC a mis en place un règlement harmonisé avec la MRC Maria Chapdelaine. Le préfet Yanick Baillargeaon détaille les mesures mises en place : « Notre réflexion sur ce sujet nous a poussés à nous interroger sur l’éclairage public. Les lampadaires LED émettent beaucoup de lumière bleue et c’est ce qui est le plus dommageable, c’est pourquoi nous travaillons sur d’autres solutions à mettre en place. »

Du côté de la Ville de Saguenay, le problème n’est pas aussi étudié que de l’autre côté du Lac-Saint-Jean. Il y a bien un règlement qui vise à limiter l’éclairage des domaines privés, mais celui-ci a plus été conçu pour éviter les désagréments du voisinage, que dans une réelle volonté de protéger la faune et la flore selon le porte-parole de la Ville de Saguenay, Dominique Arseneau.

Certains citoyens déplorent justement ce désintérêt, à l’image du président du club d’astronomie Sirius, Michel Maillé. « Je ne crois pas que la Ville de Saguenay soit conscientisée à la pollution lumineuse. Je pense qu’ils sont trop occupés à penser au côté sécuritaire en éclairant toutes les rues pendant la nuit complète, et peu importe l’impact écologique », déplore-t-il.

La Ville de Saguenay laisse les lampadaires allumés toute la nuit par « mesure sécuritaire ». Aucun plan pour limiter cet éclairage n’est envisagé pour le moment. Photo : Louis Thuet

Pour contrer la pollution lumineuse, certaines municipalités ont mis en place des mesures concrètes. On peut citer la ville de Mont-Tremblant qui a adopté des politiques d’éclairage respectueuses du ciel nocturne, notamment en remplaçant les luminaires traditionnels par des modèles moins invasifs et en réduisant leur intensité dans les espaces publics pendant la nuit.

Reste à voir si ces initiatives peuvent être adoptées partout au Québec : une démarche qui viserait à préserver davantage la faune et la flore, au plus grand bonheur des observateurs d’étoiles.

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