La Pige à Tours | La parole des femmes moins présente dans les médias
Trente années seraient nécessaires pour obtenir l’égalité de la parole entre les deux sexes dans le domaine des communications et ce, seulement si les femmes journalistes décident de prendre les choses en main.
C’est ce qu’a confirmé le chercheur en informatique à l’INA, David Doukhan, lors du débat Femmes dans les médias: bientôt l’égalité et la fin du harcèlement, dans le cadre des Assises internationales du journalisme. «Du côté de la télévision, on a remarqué une évolution de 30 à 35 % au niveau du droit de parole des femmes de 2010 à 2018. Concernant la radio, entre 2001 et 2018, c’est passé de 25 % à 35 %.»
Cette étude, nommée À la radio et à la télé, les femmes parlent deux fois moins que les hommes, révèle notamment que les journalistes de sexe féminin vont s’exprimer le plus souvent dans les chaines télévisées à caractère féminin ou pour relater des faits généraux. D’un autre côté, le sport et le culturel restent les deux domaines où les auditeurs les entendront le moins.
La présidente du collectif Prenons la Une et journaliste chez Challenge, Léa Lejeune, contredit toutefois ces statistiques citées par David Doukhan. «Nous avions utilisé, en 2015, le Global Media Monitoring Project, une étude mondiale réalisée tous les cinq ans et, ce qui est ironique, c’est que nous avions obtenu les mêmes données.»
Le droit de parole accordé aux femmes dans les médias n’est cependant pas le seul aspect qui présente une inégalité entre les deux sexes selon la professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 1, Béatrice Damian-Gaillard. Les attentes, les sujets donnés, les interactions professionnelles, la confiance sont aussi d’autres facteurs relevés par la professionnelle. «On ne se pose pas la question lorsqu’un homme décide d’aller sur le terrain, mais on le fait pour une femme».
Le parcours professionnel est aussi l’une des différences remarquées par Mme Damian-Gaillard. «Contrairement aux femmes, les hommes ont peu de raisons de justifier leur parcours professionnel». Toujours selon la professeure, il est aussi plus accessible pour les hommes d’obtenir un poste davantage important dans la hiérarchie que les femmes.
L’égalité dans le domaine des communications n’est cependant pas une cause perdue selon Léa Lejeune. «La manière d’aller chercher les femmes dans les médias existe. Cela dépend de notre volonté à les intégrer dans le métier de journalisme».