Pas de «balloune» pour le cannabis
Il n’existe pas encore d’appareils pour détecter précisément la quantité de cannabis dans l’organisme d’un automobiliste intercepté pour conduite avec facultés affaiblies.
Pour l’instant, un policier doit détecter des symptômes clairs d’une intoxication directement en bord de route pour qu’il puisse ensuite amener un automobiliste au poste pour écrire un rapport. «Nous n’avons pas encore d’appareils spécialisés», explique le relationniste aux affaires publiques du Service de police de Saguenay, Bruno Cormier.
«Pour le cannabis, c’est plus compliqué [de procéder à une arrestation], affirme l’avocat criminaliste Julien Boulianne. Ça prend beaucoup de symptômes apparents de consommation pour engendrer le processus. Il faut que le policier détecte quelque chose d’anormal.»
La problématique, c’est que les symptômes se présentent différemment chez tous les consommateurs de marijuana. Les policiers pourraient donc manquer un utilisateur «gelé», parce qu’il agit de façon tout à fait normale en bord de route.
«Ça ne parait pas chez tout le monde. J’ai des clients tellement “tout le temps sur la drogue” que je ne me rends même pas compte qu’ils sont gelés en rencontre», confirme M. Boulianne.
Une fois au poste de police, l’agent évaluateur va faire passer une série de tests évaluant les capacités et aptitudes de la personne interceptée. Le rapport se conclut avec un test d’urine pour détecter la présence de cannabis dans le sang. Cependant, selon le Dr Nicolas Tétreault, biochimiste clinique et membre de l’Ordre des chimistes du Québec, l’urine sert à dévoiler la présence de cannabis, mais elle n’est d’aucune utilité pour déterminer le degré d’affaiblissement des facultés. La présence de cannabis dans l’urine peut rester jusqu’à cinq jours après la consommation.
À ce jour, à la Ville de Saguenay, il y a seulement trois policiers qui ont reçu la formation d’agent évaluateur pour cerner les usagers de la route en état d’ébriété pour consommation de cannabis. La formation est offerte à l’École nationale de police du Québec (ENPQ), à Nicolet, et dure plusieurs semaines.