Payer pour percer

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Il fut une époque où les fils d’ouvriers ne pouvaient devenir médecins au Québec, car les coûts d’inscription à l’université étaient trop élevés. Ces mêmes enfants, à la même époque, pouvaient par contre aspirer à devenir de très grands sportifs. La situation inverse prévaut maintenant, les sports de niveau élite coûtant désormais aussi cher, voire plus, que s’instruire. Est-ce normal ? Absolument pas.

Aujourd’hui, une saison dans la Ligue de hockey midget AAA du Québec coûte un peu plus de 11 000$ aux parents d’un joueur. Il s’agit d’un gros montant qui ne peut clairement pas être déboursé par tous.

La mère de Jonathan Drouin devait combiner deux emplois pour permettre à son enfant de percer. Le frère de Samuel Girard n’a pas pu jouer midget AAA afin que son cadet puisse réaliser son rêve, car ses parents ne pouvaient payer pour les deux. Imaginez-vous toute la pression que ces enfants doivent ressentir en voyant des membres de leur famille faire de gros sacrifices pour leur permettre de, peut-être un jour, percer. Certes, ces deux exemples ont réussi, mais nombre de parents investissent dans leur enfant pour finalement ne jamais les voir accéder à la grande ligue.

C’est très malsain pour les familles qui jouent à un jeu de hasard avec leur enfant, qui devient l’objet d’une véritable mise. Soit il ne perce pas et tu as investi pour rien, soit il perce et tu en sors gagnant. C’est à la fois stressant pour les enfants et les parents.

Il est normal que les sportifs doivent travailler fort pour avoir des résultats. Par contre, il n’est pas normal que les parents doivent travailler trois fois plus fort pour voir leur enfant s’épanouir.

Parmi les 14 538 joueurs qui évoluaient dans la catégorie atome en 2001-2002, seulement 22 ont été repêchés par une équipe de la LNH, soit 0,15%. Il y a des questions à se poser quand on analyse ces statistiques.

Les sports au Québec auraient probablement plus d’athlètes au niveau élite si les coûts d’inscription n’étaient pas aussi élevés. Il en coûte 100 000$ au total pour former un joueur de la LNH, a déjà prouvé le magazine The Hockey News qui avait découvert que si les parents avaient investi ce montant d’argent en billets de loterie, ils auraient eu 10 fois plus de chances de remporter le gros lot que de voir leur jeune percer.

Si Maurice Richard ou Jean Béliveau avaient vécu à notre époque, ils seraient aujourd’hui d’illustres inconnus. Imaginez-vous tous les Maxim Côté, Jérémy Tremblay ou Olivier Girard que le Québec perd chaque année.

 

 

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