Clinique pour travailleurs accidentés | Un docteur au grand coeur
Le docteur Clément Paradis a décidé de poser un geste plus que symbolique pour venir en aide aux travailleurs accidentés qui doivent se battre pour obtenir de l’aide de la CNESST. L’omnipraticien paiera de sa poche les infrastructures d’une nouvelle Clinique d’aide aux travailleurs accidentés qui aura pignon sur rue au 472 boulevard Talbot à Chicoutimi.
La nouvelle clinique se veut un centre d’aide pour remplir les documents et guider les travailleurs afin de faire reconnaître leurs lésions professionnelles. En plus d’offrir le soutien administratif, M. Paradis souhaite que la clinique propose du soutien psychologique afin d’offrir un accompagnement complet tout au long du processus.
«Beaucoup de gens n’arrivent pas à comprendre et à remplir les documents relatifs à leur demande d’indemnisation. Ce que je souhaite, c’est que la clinique puisse aider les gens à comprendre le langage juridique parfois très complexe et agir comme guide dans toute cette bureaucratie», explique M. Paradis.
Il juge que les travailleurs accidentés se font «déculotter», et ce, sans jamais le savoir. «Ils n’ont personne pour les aider et ne savent pas qu’ils se font souvent rouler dans la farine. Plusieurs se retrouvent finalement sur l’aide sociale et n’ont pas les ressources pour se remettre de leurs blessures», souligne M. Paradis, pour qui venir en aide est un besoin.
Le docteur comprend très bien la situation de ces travailleurs. Premièrement parce qu’il fait le suivi médical de plusieurs accidentés, mais également parce que son père a été touché par une surdité professionnelle et n’a jamais été reconnu par la CNESST.
Payé de sa poche
Le docteur a déjà procédé à l’achat du terrain et du bâtiment adjacent à sa clinique de médecine, au coût de 175 000$. Il investira également 115 000$ pour l’aménagement paysager et la construction d’un stationnement. Il prévoit aussi un montant minimal de 50 000$ pour les rénovations à l’intérieur du bâtiment, ce qui lui fait une facture de plus de 340 000$ avant même le premier service offert.
C’est d’ailleurs lui qui s’occupera du salaire des intervenants jusqu’à ce que l’organisme soit autonome. Il voudrait éventuellement que la clinique soit fonctionnelle avec des dons et la contribution des usagers.
M. Paradis sait très bien qu’il ne récupèrera jamais l’argent avancé pour lancer cet organisme sans but lucratif, mais il estime que le coût en vaut la chandelle. «Non, je ne veux pas revoir ces investissements. Aider les autres, c’est payant autrement,» avoue l’homme qui souhaite que son projet soit un modèle pour d’autres au Québec.
Pour offrir ces services, il compte beaucoup sur l’apport de bénévoles. «J’ai déjà beaucoup de gens qui souhaitent venir en aide. On veut aussi offrir la chance à des jeunes ou des étudiants de venir acquérir de l’expérience», explique celui qui veut mettre en place un conseil d’administration afin de se dissocier de la clinique. «Je veux que l’organisme fonctionne sans moi. Je ne veux pas que les gens soient abandonnés le jour où je vais partir.»