Vente pyramidale et marketing multiniveaux: savoir reconnaître l’arnaque
Il est possible que vous ayez déjà reçu un message vous invitant à devenir votre propre patron et à faire de l’argent rapidement simplement en vendant des produits et en recrutant de nouvelles personnes. Prudence est le mot d’ordre, car la ligne est mince entre la vente illégale et celle reconnue par les lois canadiennes.
Au Canada, la vente pyramidale est illégale en tout temps. Dans ce cas-ci, le salaire engendré par ce type de vente ne dépend que du nombre de personnes recrutées et non sur le nombre de ventes faites à ces personnes. Le marketing à paliers multiples du type Avon, Mary Kay ou Tupperware, est autorisé au pays. La rémunération des conseillers dépend donc de la vente des produits aux acheteurs ou aux gens qu’ils ont pu recruter.
Ève-Marie Gagnon, une jeune femme de Rimouski, travaille depuis maintenant un an pour Arbonne, une compagnie de santé et bien-être. Lorsque vient le moment d’accueillir de nouveaux conseillers, il n’est pas rare qu’elle entende la comparaison de l’entreprise à une vente pyramidale. « Il y en a plusieurs qui vont penser qu’Arbonne, c’est une fraude ou une entreprise pyramidale, ce qui est illégal. Je dois à ce moment-là leur expliquer qu’il y a une différence entre ce type de vente et le marketing relationnel. »
Subtilité risquée
Il est parfois difficile de tracer la ligne entre la vente pyramidale et la vente à paliers multiples.
Selon la professeure adjointe en marketing et directrice du laboratoire sur les nouvelles formes de consommation à l’UQAC, Myriam Ertz, il est très facile de camoufler ce type de vente illégale en marketing relationnel.
Dans le Petit livre noir de la fraude du Bureau de la concurrence du gouvernement du Canada, on mentionne que la vente pyramidale peut être bien dissimulée et peut faire paraître l’offre très alléchante et légale, ce qui est risqué. « Même si ces arnaques sont bien déguisées, elles visent à recruter des investisseurs plutôt qu’à vendre des produits ou à fournir des services légitimes. Ces pyramides finissent toujours par s’effondrer et vous risquez de tout perdre », est-il écrit.
Être prudent, surtout en temps de pandémie
La crise sanitaire a su attirer de nombreux nouveaux conseillers pour le marketing à paliers multiples. Perte d’emploi, télétravail, nombre d’heures réduit, plusieurs se sont penchés sur ce type de commerce pour leur sécurité financière. « Cette année, Arbonne a été en grande croissance, puisque plusieurs personnes ont perdu leur emploi et désiraient se faire de l’argent », explique la jeune Rimouskoise.
Magalie Thibeault affirme que la pandémie a joué un rôle sur sa décision de rejoindre la compagnie Arbonne. « J’ai beaucoup plus de temps et j’aimais bien la formule en ligne avec les réunions Zoom et les réseaux sociaux », souligne la jeune femme de L’Anse-Saint-Jean qui est conseillère depuis maintenant un mois.
La pandémie engendre cependant des risques puisque tout se fait à distance. « Comme tout est virtuel depuis la pandémie, tout peut être beaucoup plus frauduleux », explique la professeure Myriam Ertz qui ajoute également que dans la dernière année, plusieurs de ces compagnies proposaient des offres alléchantes sur les réseaux sociaux.
Aucune promesse de stabilité financière
Ève-Marie Gagnon explique qu’elle préfère ne pas parler de rémunération au moment du recrutement de nouveaux conseillers. « C’est comme tout autre type d’emploi, si tu ne fais pas d’effort, tu n’auras pas un bon résultat. Certaines personnes vont penser qu’en s’inscrivant, c’est comme un billet de loterie et qu’elles vont devenir riches. C’est pour ça que j’évite de parler du salaire lorsque je contacte les personnes, puisque je ne veux pas vendre du rêve. »
Tenue à la confidentialité, la jeune conseillère ne peut partager son salaire aux personnes en dehors de la compagnie. Toutefois, sur le site internet d’Arbonne, il est possible de voir qu’en 2019, un conseiller indépendant gagnait en moyenne 953 $ annuellement. Le montant le plus important pour ce type de conseiller s’élevait à 7 522 $.
Magalie Thibeault, de son coté, ne se fie pas sur l’argent qu’elle fait grâce à la compagnie. « Je ne considère pas ça comme un revenu très stable, ça peut changer tout le temps. En un mois je peux avoir fait trois ventes, alors que l’autre je peux en avoir fait dix », mentionne la conseillère qui ajoute qu’elle considère un peu son travail comme un emploi étudiant.
En constante mutation et avec très peu de statistiques sur le chiffre d’affaires des compagnies, il est difficile de savoir si ce type de marketing peut réellement assurer un salaire stable aux associés des commerces à paliers multiples.