Les courtiers immobiliers moins sollicités
De plus en plus de gens décident de vendre leur maison par eux-mêmes, sans faire affaire avec un agent immobilier. La courtière Alexandra Desbiens affiliée à Via Capitale, estime que cette tendance qui serait apparue depuis environ un an comporte plusieurs risques que les vendeurs et acheteurs sous-estiment.
Des témoignages recueillis par La Pige, montrent clairement que les gens ne sentent pas le besoin de faire appel à des spécialistes.
« Je veux sauver sur la commission et je pense que je suis capable de la vendre par moi-même. J’ai déjà connaissances dans l’immobilier », lance le propriétaire d’un bungalow, Alain Pelchat.
Pour sa part la propriétaire d’une maison plain-pied, Nathalie Girard, a confiance en ses connaissances personnelles sur les logements. « J’ai lu beaucoup sur le marché, je sais les rénovations que j’ai mises, j’ai fait mon analyse. Je pense qu’avec le marché actuel je suis capable de vendre ».
Le propriétaire d’une maison champêtre, Hugues Savard, qui a spécifié ne pas avoir d’expérience dans le domaine, préfère également vendre sa propriété sans aide professionnelle. « Je sais qu’il y a beaucoup de frais reliés à ça et moi j’ai visé un prix pour ma maison, je ne veux pas le gonfler et je suis confiant de vendre », ajoute-t-il.
Des erreurs possibles
Malgré la confiance de certains vendeurs, la courtière immobilière Alexandra Desbiens pense qu’elle peut leur jouer des tours. Elle affirme que de nombreux propriétaires font l’erreur de se fier à l’évaluation municipale pour définir leur prix et finissent par vendre moins cher que ce qu’ils devraient.
« L’évaluation municipale ne représente pas la valeur exacte d’une propriété, les dernières ont été faites en 2019 et dans ce temps-là, ça se vendait autour ou en bas alors qu’actuellement on est beaucoup plus haut », exprime la femme d’affaires.
Elle ajoute aussi que sans courtier, les gens ont tendance à brûler ou à confondre des étapes. Par exemple, elle dit que parfois les propriétaires acceptent de recevoir un inspecteur avant une offre d’achat et une fois que les acheteurs font l’offre, ils ne sont plus d’accord sur le prix. Un malentendu et une perte d’argent inutile sont créés des deux côtés.
« Des clauses importantes, comme les garanties légales, sont aussi oubliées, ce qui mène à un conflit directement à la signature. C’est du stress que les clients n’ont pas besoin de vivre lorsqu’ils vendent une maison et ça pourrait éviter avec un courtier », fait valoir Mme Desbiens.
Mis à part le fait de sauver sur la commission, elle pense aussi que le débalancement du marché actuel causé par la pandémie pousse plusieurs personnes à acheter sans faire toutes les démarches nécessaires.
« En raison de la pandémie, beaucoup de citoyens se sont tannés de leurs appartements et veulent acheter une maison. Donc d’une part, il y a une montée d’acheteurs et d’une autre part, moins de vendeurs, car l’incertitude de la crise sanitaire fait que les gens qui ont des maisons trop grandes ne veulent quand même pas la vendre par peur d’aller dans des logements plus petits où ils peuvent attraper la COVID », conclut la courtière immobilière.