Selon les experts: les 18-25 ans laissés à eux-mêmes

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Les jeunes de 18-25 appelés à voter dans le cadre des élections municipales cherchent un plan clair et précis. Or, peu de candidats ont des propositions concrètes pour eux.

Voilà une des hypothèses avancées par la professeure à l’UQAM, spécialisée en politique municipale, Danielle Pilette, pour expliquer le désintérêt des jeunes envers les élections municipales.

« Les jeunes s’attendent à avoir un programme structuré qui s’adresse à eux. Par exemple, quel genre de développement économique il y aura dans la ville pour leur assurer un futur dans celle-ci », précise-t-elle, ajoutant que la présence de partis politiques bien organisés aide à combler ce manque d’informations. À Saguenay, seuls deux candidats à la mairie sur six sont membres d’une organisation politique, alors que la ville fait partie des dix plus populeuses de la province.

Le fait que les jeunes ne soient souvent pas propriétaires de maisons ou de logements et qu’ils ne payent donc pas de taxes municipales les éloignent de plusieurs sujets municipaux. (Photo : Justin Escalier)

Pour Mme Pilette, le fait que bon nombre de jeunes quittent le nid familial pour les études justifie en grande partie leur participation moindre. En effet, plusieurs votent toujours dans leur ville natale parce qu’ils n’effectuent pas leur changement d’adresse. « Ils connaissent moins les enjeux actuels de la ville dans laquelle ils doivent voter parce qu’ils ne vivent plus là. À ce moment-là, ils peuvent faire une demande pour modifier leur adresse, mais c’est très rare qu’ils prennent le temps de le faire », explique-t-elle.

Pas seulement au municipal

Pour sa part, la professeure au département de science politique à l’Université Laval, Valérie-Anne Mahéo, constate que ce désintérêt pour la politique existe autant nationalement, provincialement, que municipalement parlant. « On se rend compte que les jeunes de nos jours ont moins le sens du devoir comparativement aux générations précédentes. Pour eux, le vote est davantage perçu comme un droit, qu’ils utilisent ou non. Ils n’ont pas ce sentiment d’obligation », indique la Montréalaise.

À la suite du fédéral

Danielle Pilette prévoyait au départ que la campagne fédérale allait aider à la participation des jeunes aux élections municipales. Elle pensait que toute la publicité faite par les différents partis politiques nationaux auprès des jeunes pour les inciter à voter allait également avoir un effet au niveau local. Toutefois, elle constate que ce n’est pas du tout le cas.

« La campagne fédérale a beaucoup axé sur le domaine de la santé publique, sur la vaccination, etc. Et ça, ça a déteint sur les campagnes municipales. Alors, je ne vois pas comment on pourrait mobiliser les jeunes avec ces sujets-là. Les jeunes veulent entendre parler de la véritable crise climatique, des enjeux économiques et de leur avenir », fait valoir l’experte en politique municipale.

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