Ressource d’accueil : difficile de fermer ses portes
Les ressources intermédiaires et de type familial se font de plus en plus rares au Saguenay–Lac-Saint-Jean, ce qui engendre une grande pression sur celles qui sont toujours ouvertes. Hélène Lévesque et Réjean Fillion, qui ont possédé une ressource pendant 34 ans, ont eu beaucoup de difficulté à prendre leur retraite, car ils étaient inquiets pour l’avenir de leurs occupants.
« La pandémie, ça a été vraiment difficile. On s’est retrouvé avec huit personnes enfermées sept jours sur sept ensemble. C’est à ce moment-là, il y a presque deux ans, qu’on a commencé à vouloir fermer, mais on avait beaucoup d’inquiétudes par rapport à nos locataires », explique l’ex-propriétaire d’une ressource d’accueil en milieu familial, à Jonquière, Hélène Lévesque. La famille d’accueil, qui a fermé ses portes il y a deux semaines, acceptait autant des cas de handicap physique que de déficience intellectuelle, surtout d’âge adulte.
Impact sur les locataires
C’est une grande adaptation pour ceux qui ont des déficiences physiques ou intellectuelles de devoir déménager quand ça fait cinq ou dix ans qu’ils habitent au même endroit. Félix Larouche, qui résidait chez Mme Lévesque et M. Fillion a été très déboussolé. « J’étais stressé, je me suis ramassé à une place où je devais être plus autonome et je savais que j’allais devoir m’habituer. Je sais que j’ai été chanceux d’avoir cette place-là, mais c’est difficile quand même. »
Certains de ses anciens colocataires ont quant à eux été envoyés dans des centres qui sont vraiment différents d’une ressource de type familial. « C’est moins chaleureux, moins personnalisé, mais je prends de leurs nouvelles et je m’assure qu’ils vont bien », explique Hélène Lévesque, qui est toujours en ajustement à son statut de retraité.
Manque de ressource
Selon Résidences Québec, il n’y a que huit ressources intermédiaires dans la région et les familles d’accueil qui acceptent les cas plus lourds sont aussi rares. Plusieurs auraient fermé leurs portes lorsque le gouvernement a limité la contribution financière aux ressources d’assistance continue (RAC), qui accueillaient des gens qui nécessitaient plus de services. « Depuis qu’ils ont fermé les RAC, où il y avait des éducateurs 24 heures sur 24, on s’est retrouvés avec des cas trop lourds pour ce qu’on pouvait offrir. J’ai passé des périodes difficiles depuis et j’ai souvent voulu fermer ma résidence », avoue Mme Lévesque.
La clientèle s’alourdit, mais il y a également un manque d’intervenants qui nuit beaucoup aux familles d’accueil. « Depuis la pandémie, il y en a beaucoup qui ne sont pas revenus. Avant, les intervenants partaient en activité avec les occupants et je ne les voyais pas de la journée. Quand ils revenaient, ils étaient contents, mais là c’était comme une punition de les enfermer dans la maison », affirme Hélène Lévesque.