Retour à la case départ pour les soins avancés
La formation universitaire en soins préhospitaliers d’urgence avancés ne sera plus offerte aux paramédics de la région en juin 2023. L’Université de Montréal (UdM), qui donne le programme en exclusivité, a décidé de ne plus offrir la formation au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le ministère a mis en place un moratoire sur le programme qui est offert en région pour des questions de financement et de structure de programme, ce qui préoccupe l’enseignant en techniques en soins préhospitaliers d’urgence (SPU) au Cégep de Chicoutimi, Sylvain Dufour. « C’est sûr que ça m’inquiète, ça va nuire au développement des services à la population dans la région en soins avancés qui sont une nécessité », d’après M. Dufour. Les deux premières cohortes accueillies au Saguenay en 2020 avaient gradué en 2022.
La Majeure en soins préhospitaliers d’urgence avancés est un programme dispensé à la faculté de médecine et elle permet aux paramédics d’effectuer des tâches plus approfondies par rapport au DEC. « On est formé à voir un peu plus large, à faire des examens physiques et à voir des diagnostics différentiels et plus élaborés que les paramédics en soins primaires », décortique le directeur adjoint au programme de soins avancés à l’UdM, Sylvain Dufour qui travaille dans le domaine depuis 25 ans et qui a complété sa formation en soins avancés en 2019.
Les paramédics en soins avancés (PSA) sont peu nombreux au Québec puisque la majeure n’est offerte au Québec que depuis septembre 2016 à l’UdM. Pour accéder au programme, il faut avoir entre 5 et 10 ans d’expérience et la formation peut se faire simultanément en travaillant. L’éloignement peut donc empêcher l’accès à la formation en soins avancés puisque les paramédics ont des obligations familiales et financières, selon un finissant au DEC en SPU à Chicoutimi, Christopher Fleury Bélanger. « C’est sûr que moi j’ai un gros intérêt pour ça, je le vois sur le terrain les bénéfices que ça peut avoir […], mais si la formation est juste offerte à Montréal, je pense que ça pourrait me freiner d’y aller », précise-t-il.
Pour Victoria Malenfant, une étudiante en deuxième année en SPU à Chicoutimi, si le programme est exclusif à Montréal, elle pourrait ne pas y aller. « Ça va dépendre je suis rendue où avec ma carrière, si la formation est juste offerte à Montréal et que j’habite à Val-d’Or par exemple, je ne suis pas sûre si je déménagerais seulement pour ça », explique-t-elle.
Supporter le personnel infirmier
Puisque les PSA ont les compétences pour supporter le réseau de la santé, des collaborations ont déjà vu le jour, notamment avec le CIUSSS de Dolbeau. « On a toujours travaillé en marge, parce qu’on est une compagnie privée, mais la tendance est en train de changer. La mentalité est rendue là, c’est la complexité administrative et financière qui est plus difficile, raconte Sylvain Dufour. Le but est de supporter les infirmières qui sont à bout de souffle ».
Le Québec tarde à instaurer cette coopération entre les PSA et le réseau de la santé, puisqu’ailleurs au Canada cette recette est déjà ancrée dans le système.