Médecine vétérinaire : le stress et l’anxiété montent chez les étudiants
La pression et le stress ressentis dans le monde de la médecine vétérinaire se font sentir jusque dans les fondations de la profession et sur les bancs d’écoles des futurs pratiquants. L’anxiété s’invite de plus en plus dans les classes et les étudiants se questionnent sur leur avenir dans ce métier.
Selon une étude parue dans Journal of the American Veterinary Medical Association en 2021, sur une cohorte de 96 étudiants, ce sont possiblement 16 d’entre eux qui éprouveront de la détresse psychologique au cours de leur carrière. Des chiffres qui pèsent lourd pour les étudiants qui ont souvent dédié leur vie aux animaux et à leur bien-être.
« Il y a énormément d’anxiété dans le programme et ces chiffres peuvent faire peur », a confié une étudiante de troisième année de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, Alexane Harvey.
Un problème de clinique
« J’ai un intérêt très fort pour les animaux et leur bien-être. Je veux les voir en santé », a expliqué une étudiante de deuxième année à la faculté, Maude Gauthier. Le problème est que lorsqu’un médecin voit un animal en clinique, il est rarement en bonne santé.
Cet aspect du travail décourage à un tel point la jeune femme qu’elle ne souhaite plus traiter les petits animaux. « Je n’ai pas d’intérêt à faire de la clinique à cause de ça. Je risque plus d’aller vers les animaux de la faune où il n’y a pas de pression reliée à leur santé sauf celle qu’on se met nous-même. »
En plus des pressions déjà liées avec le bien-être de l’animal, on ajoute celles de l’extérieure, souvent associées avec le client. « Il n’y a pas juste notre volonté, il y a aussi la volonté du client et la pression est très grande », a déploré l’étudiante.
« La sortie la plus facile pour les vétérinaires, c’est la clinique de petits animaux et c’est ce qui est le plus toxique », a-t-elle avancé.
Après deux ans d’études, Maude Gauthier n’a toujours pas eu de mise en situation qui lui permette d’apprendre à gérer les clients difficiles. En troisième année, la Saguenéenne Alexane Harvey en a entendu parler dans seulement deux cours compilant un total de quatre crédits intitulé Milieu de travail et communication en médecine vétérinaire et communication en médecine vétérinaire 1.
Sur les 2 925 heures de cours que les deux jeunes filles devront compléter durant leur parcours universitaire de doctorante, 60 heures semblent allouées, en partie, à les préparer pour la dure réalité du métier.
Des horaires de travail qui découragent
Une autre réalité à laquelle doivent se faire les futurs pratiquants est l’horaire très chargé des cliniques qui peuvent aller jusqu’à 70 heures par semaine. « Pour moi, c’est inhumain et je viens à me poser la question à savoir comment l’on peut pratiquer de bonne manière avec 70 heures dans le corps et en étant épuisée », a dénoncé Maude Gauthier.
Ces horaires sont, selon Alexane Harvey, appelés à changer. Elle a soutenu qu’avec la charge de travail actuelle et le manque de main-d’œuvre, les finissants ont « le gros bout du bâton ». « Les mentalités changent, les jeunes veulent avoir des horaires de travail plus décents et pouvoir avoir une famille et des passions », a affirmé la jeune femme.